AFFAIRE BETTENCOURT
Derrière les immenses bambous dressés dans la cour, l'hôtel particulier de François-Marie Banier élève ses étages à l'abri des regards. L'endroit, hypersécurisé, est d'abord un lieu de travail en plein Paris. Grand atelier encombré de photos et parsemé de giclées de peinture, avec d'immenses tables pour consulter les planches de photos, des ordinateurs en batterie... jusqu'à une chambre maintenue glacée, et à l'entrée codée, où François-Marie Banier a archivé ses clichés : il en revendique 600 000. Au hasard des tiroirs surgissent Silvana Mangano, photographiée en Jamaïque, un soldat inconnu baguenaudant place de la Concorde... François-Marie Banier montre tout cela afin de prouver à quel point il travaille, loin de l'image de dandy entretenu dont il est affublé depuis l'affaire Bettencourt. C'est pour la même raison, notamment, qu'il a accordé à L'Express cette interview exclusive, la première depuis ses déclarations au Monde, en décembre 2009. Jamais, depuis le début de cette affaire, l'artiste n'est allé si loin dans ses explications. Sans éluder aucune question, il définit la relation qu'il entretient avec Liliane Bettencourt, depuis tant d'années, et décrit les conditions exactes dans lesquelles la milliardaire lui a donné argent, tableaux et bijoux. Et, bien sûr, il livre son sentiment sur les rebondissements politico-judiciaires des dernières semaines, dans ce dossier qui s'appelle "affaire Woerth", mais, avant tout, "affaire Banier-Bettencourt". L'écrivain photographe a décidé de ne pas se laisser faire et contre-attaque.
Aujourd'hui, quel est votre état d'esprit ?
> Je pense à mon prochain roman, dont j'ai eu l'idée hier matin. Quand on tient la première phrase d'un roman, on le tient en entier. Il me reste à choisir la profession du héros. Je pense également à notre prochain livre, que nous préparons, Martin d'Orgeval et moi, sur le grand photographe américain Robert Frank. Au mois de septembre, sort Autocar, chez Steidl, suite, pour l'instant, de 12 livres de dessins et de photos réalisés durant ces deux dernières années, malgré l'odieuse accusation dont je fais l'objet. Quant à l'"affaire", je suis consterné par l'état de la presse. Quand Françoise Giroud me faisait l'amitié de me recevoir une fois par semaine à L'Express, où j'ai un peu écrit, j'ai rencontré un vrai journaliste : Jacques Derogy. Pour paraphraser Liliane Bettencourt, je dirais : "C'était un homme." Il avait le courage de vérifier ses infos et ne se faisait acheter par personne. Depuis deux ans, certains journaux s'emploient à extraire des dépositions à charge, délibérément à charge, tout ce qui peut paraître le plus grotesque sur les relations entre Liliane Bettencourt et François-Marie Banier. J'ai attaqué, j'ai gagné. Mais il reste les calomnies et l'absurdité des accusations.
Quelle est la réalité de cette relation ?
> C'est une histoire de quarante ans, même si, les vingt premières années, nos rencontres furent épisodiques. Cela ne peut se réduire à quelques détails soi-disant croustillants. Cette affaire est entièrement montée et l'on commence à s'émouvoir du degré d'ignominie de cette procédure. Rendez-vous compte que Françoise Meyers [la fille de Liliane Bettencourt] n'a pas eu la démarche, le courage ou, que sais-je, d'annoncer de visu à sa mère qu'elle déposait au tribunal une plainte dont la finalité était d'obtenir son placement sous tutelle. Chacun appréciera.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
En deux temps. D'abord, en 1969 : je découvre une femme sublime, quasi inaccessible, une seconde Ava Gardner. Elle est grande, belle, avec une classe extraordinaire. Elle et son mari ont énormément d'allure. Je les rencontre chez les Lazareff [le directeur de France Soir et son épouse] : je parle littérature avec André Bettencourt, elle converse avec Kessel et Malraux. Vingt ans après, je fais une photo d'elle pour la revue Egoïste. Je n'en avais pas tellement envie. Je préfère photographier les inconnus : on ne peut montrer l'intérieur des gens s'ils ont déjà le vernis de la notoriété.
Qu'est-ce qui lui a plu en vous ?
> C'est présomptueux de répondre à cette question. Je crois qu'elle aime les êtres atypiques. Et puis, qu'est-ce qu'une rencontre ? C'est quand on se comprend et qu'on commence à parler le même langage sans explications. Je suis actif, parfois brutal dans ma façon de parler, ce qui pouvait choquer dans ce monde caparaçonné. Pas elle ! Et André était un homme assez original pour l'accepter. Avec Liliane, j'avais un carcan en face de moi et elle devait me considérer comme un garçon mal élevé. Elle m'a surpris par son vocabulaire inattendu, précis, rayonnant, par sa culture, son acuité psychologique et, derrière une apparence lisse, un désir d'aller de l'avant. Son maître mot, c'est le mouvement. Si elle n'est pas touchée aujourd'hui par cette affaire, c'est qu'une seule chose l'intéresse : l'avenir. Mardi dernier [le 6 juillet], je lui ai dit que j'allais à New York avec mon ami Martin. Elle a répondu : "Demandez-lui de me raconter ce qui s'y passe du point de vue commercial." Comme je ne comprenais pas, elle a ajouté : "Eh bien, oui, les ventes de voitures, les vêtements et comment ils se positionnent vis-à-vis de la Chine." Je dis souvent à Liliane, ce qui d'ailleurs l'énerve, qu'elle est une femme d'affaires de la même trempe qu'un Marcel Dassault. Elle connaît le ressort des êtres et n'est dupe de personne. Pour un écrivain, son amitié et son estime sont un encouragement à vivre.
A-t-elle été votre muse ?
> Je n'ai pas besoin de muse ! Liliane, c'est une parole, une vérité et une leçon.
Comment avez-vous brisé le "carcan" ?
> Je ne laisse pas les gens s'endormir, je veux leur vérité. Liliane sait ce qu'elle cherche, même si elle sait aussi qu'elle ne le trouvera jamais. Ce mouvement, c'est notre vie. Nous sommes unis aussi par notre rapport à l'existence. Nous n'avons connu, ni l'un ni l'autre, cette "maison commune" décrite par Rainer Maria Rilke, habitée par le travail, la vérité et une vraie famille. Mais elle a l'avantage de pouvoir faire semblant, moi pas ; ce qui la désole. Ma manière de faire m'attire au mieux de l'incompréhension et souvent de la haine. "Pourtant, vous avez de l'ambition", me dit-elle, pour essayer de me changer en blessant un peu ma vanité.
Est-ce une femme isolée ?
> Il y a beaucoup de gens importants dans sa vie. Avec son mari, elle a connu de Gaulle, Pierre Mendès France. Ils étaient très proches de Georges Pompidou et de François Mitterrand. Elle fréquentait le Pr Jean Bernard et des Prix Nobel de médecine, comme Jean Dausset. Et la comptable Claire Thibout affirme que j'avais une influence médicale sur Liliane, alors qu'elle est entourée des plus hautes sommités... Faire passer Mme Bettencourt pour une femme isolée, c'est prendre les désirs insidieux de la plaignante [sa fille] pour une réalité.
Reçoit-elle beaucoup de visiteurs ?
> C'est comme si vous me demandiez : "Respirez-vous beaucoup d'air ?" Toute sa vie, Liliane a reçu des gens du matin au soir. Ses carnets de rendez-vous ont disparu, emportés pour laisser croire qu'elle n'a plus sa tête. Quand, le 31 décembre 2001, Liliane a reçu la Légion d'honneur, la plaignante, qui mettait déjà sa machine de dénigrement en route, a suggéré de n'inviter chez elle qu'une dizaine de personnes. Liliane a haussé les épaules et en a convié 500 au ministère de la Santé. Elle ne se laissera pas enfermer dans une vie qu'elle n'a pas eue. Au-dessus de toutes ses fréquentations, il y a son amour, son enfant : L'Oréal. Liliane vit avec L'Oréal jour et nuit. En 2003, j'ai suivi à travers elle les tractations entre L'Oréal et Nestlé. Elle les menait avec détachement et fermeté. Et sa fille affirme qu'à l'époque elle était en permanence d'une extrême faiblesse ! Liliane, jusqu'en 2007, s'accordait chaque jour deux heures pour lire les analyses quotidiennes des rapports de L'Oréal, deux piles de 1 mètre de hauteur. N'oublions pas que c'est elle qui, sur proposition de son président, fixe les hauts salaires comme le montant des stock-options. Ils vivent tous hantés par le chiffre...
Selon vous, Liliane Bettencourt a une santé de fer...
> Prétendre qu'elle a perdu la tête est ignoble. Elle a été formidable lorsqu'elle s'est exprimée l'autre soir sur TF 1. C'était très émouvant de découvrir la réalité d'une femme pudique, à l'esprit clair et déterminé, que sa fille cherche à humilier publiquement et en permanence.
A partir de quand vous a-t-elle donné de l'argent ? Et pourquoi ?
> De 1987 à 1994, nous nous sommes vus souvent et elle ne m'a rien donné. Sauf en 1991, à hauteur de 250 000 francs, pour mon livre de photos accompagnant la rétrospective de mes vingt-cinq ans de travail au Centre Pompidou. Notre correspondance s'est intensifiée, je lui ai fait découvrir Ernesto Sabato, Nathalie Sarraute, Le Journal d'Anne Frank. Elle me parlait de Tournier, de Radiguet, de Colette. Elle commence à lire et à relire mon roman Balthazar, fils de famille, mon écrit le plus proche de ma vie d'adolescent. En 1994, elle déjeune ici [le domicile parisien du photographe] et me dit : "François-Marie, il faut vous agrandir. Vous aimez les objets, moi aussi. J'ai les moyens de votre goût. J'ai donné L'Oréal à ma fille. Vous devez voir grand. Mon père m'a dit avant sa mort : "Tu as le monde entier." Vous, votre oeuvre doit être dans le monde entier. Pour commencer, vous allez acheter l'appartement d'en face. - Pour quoi faire ? - Vous en aurez besoin ; en attendant, il y a des plantes, on l'appellera l'appartement des plantes vertes. Un jour, vous y mettrez des archives." Et c'est le cas. "Croyez-vous qu'on débute petit dans la vie pour rester petit ?" Plus tard, elle m'a fait visiter un hôtel particulier rue Barbet-de-Jouy, mais je l'ai refusé : "Très beau, mais trop riche, trop bourgeois"... Chez l'antiquaire Kraemer, elle m'a montré un bureau Boulle à 40 millions de francs : "Prenez-le, je n'ai pas la place chez moi." J'ai répondu : "Moi non plus." "Eh bien, vous le mettrez dans votre maison de campagne !" J'ai dit non.
Petit à petit, elle m'a permis d'acheter les appartements qui composent mes ateliers. Puis elle a voulu m'adosser à L'Oréal. "Je ne veux pas être la femme qui aura seulement vendu des flacons, disait-elle. Je veux vous accompagner et vous aider." J'avais trouvé le nom du parfum Poison pour Dior. J'ai emmené le vice-président de L'Oréal rencontrer le grand architecte Pei à New York, pour qu'il dessine un flacon et des présentoirs. J'ai conseillé de lancer une ligne de bagages... J'avais l'obligation de réaliser chaque année une exposition et un livre. Au total, il y en a eu 28. André et Liliane sont venus dans le monde entier assister aux inaugurations.
Liliane Bettencourt vous a-t-elle vraiment donné 1 milliard d'euros ?
> C'est un chiffre rond qui marque les esprits. Il ne correspond pas à la réalité. Liliane a fait établir à la fin des années 1990, et sans m'en informer, cinq contrats d'assurance-vie à mon nom. Je n'en ai touché que deux. L'essentiel de ce milliard correspond à des contrats que je n'ai pas encore perçus et aux droits qui s'attachent aux donations. Elle voulait que j'apprenne à gérer. "Un jour, vous serez à la tête de beaucoup d'argent, vous devez avoir du savoir-faire." Elle m'a raconté que, en 1991, sa fille voulait créer une holding pour surveiller ses dépenses. Le jour où Liliane m'en a parlé, je l'ai vue en robe de chambre, non coiffée, pour la première fois. Elle m'a dit : "Chez moi, François-Marie, c'est Mauriac. Je voulais donner 25 millions à chacun de mes petits-enfants pour leurs 20 ans, afin qu'ils apprennent à gérer dès leur jeunesse. Soit ils faisaient fructifier cet argent, soit ils le perdaient. Mais, ensuite, ils n'auraient pas refait les mêmes erreurs avec le total des biens de leur héritage. Sans aucune mesure avec ces 25 millions. Ma fille et mon gendre ont refusé." En fait, nous avons affaire ici à une histoire banale de gros sous. Cela peut arriver dans n'importe quelle famille.
Et les autres contrats ?
> Elle m'a dit un jour : "J'aurais pu vous donner beaucoup plus d'argent beaucoup plus vite, mais vous étiez trop jeune, cela vous aurait rendu fou. L'argent, c'est dangereux." Les trois autres contrats, deux de 250 millions d'euros chacun et un de 28 millions, sont chez elle, gérés par ses financiers. Je n'ai jamais demandé à connaître leur montant actuel. Et si je disparais avant elle, ces contrats iront à l'Institut Pasteur. C'est sa volonté.
A-t-elle vraiment souhaité vous adopter ?
> C'est grotesque, dément ! Notre relation est sensible, nous n'avons pas d'âge quand nous parlons. Faire de moi son fils, ce serait marquer le fossé d'une génération. Ma mère était vivante jusqu'à il y a trois semaines et jamais je n'aurais renié mon nom, Banyaï devenu Banier.
Vous a-t-elle donné des tableaux ?
> Là aussi, elle m'a mis devant le fait accompli : "J'ai décidé de vous donner les tableaux que nous avons achetés ensemble. C'est un chemin que nous avons fait ensemble, c'est notre histoire", m'a-t-elle dit. Elle fera même retirer par le notaire, quand elle la découvrira, la clause de "droit de retour", qui lui restitue les tableaux si je meurs.
Vous a-t-elle offert ses bijoux ?
> Cette accusation est obsessionnelle chez la comptable Claire Thibout, qui est persuadée que j'ai tout fait pour m'en emparer. Heureusement pour nous, elle ignorait au moment de ces accusations ce qui s'est réellement passé chez le notaire et que l'enquête a confirmé. Chaque année, Liliane s'y rendait pour régulariser les donations, dont elle payait les frais. Un jour, devant son notaire et un témoin, elle dit : "Je donne mes bijoux à François-Marie et je vous demande d'en prendre acte." J'interviens : "Vos bijoux, comme vos tableaux de Girodet ou de Monet, vous viennent de votre père, je n'en veux pas." Elle insiste : "Je ne suis pas Marie de Médicis, mon grand-père était boulanger, ces bijoux sont des valeurs que vous vendrez si vous voulez." Elle m'a simplement demandé d'en retirer deux bagues pour les futures femmes de ses petits-enfants. J'ai continué à refuser. "Vous n'arriverez pas à le convaincre", a dit le notaire. "Eh bien, je les jetterai par la fenêtre !" a-t-elle répliqué, avant d'ajouter : "Et je demanderai à François-Marie de passer dessous..."
Pourquoi Claire Thibout, la comptable, vous en voudrait-elle ?
> Avez-vous vu le film The Servant ? Avez-vous lu Les Bonnes, de Genet ? Il y a de la jalousie à tous les étages. J'ai même écrit un roman sur ce thème, qui s'appelle Les Femmes du métro Pompe. Moi, je n'ai jamais fait virer personne : je n'arrivais même pas à convaincre Liliane, chronométrée comme personne, de repousser pour moi un rendez-vous de dix minutes ! Les investigations à venir apporteront peut-être des surprises sur ce sujet.
Vous semble-t-il crédible que Liliane Bettencourt remette de l'argent, via son gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre, au ministre Eric Woerth ?
> Pas du tout. Liliane ne touche jamais à l'argent. Je ne l'ai jamais vue avec une liasse ou une enveloppe à la main.
"Il me tue", dit-elle dans les enregistrements pirates faits par le majordome, en parlant de vous. Pourquoi ?
> Nous avons parlé la veille d'Hélène Cixous, de son oeuvre colossale, très passionnante. Ce n'est pas quelque chose de facile. C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre l'expression de Liliane. Bien évidemment, toute autre interprétation est à la fois odieuse et absurde.
Pourquoi, au fond, vous a-t-elle tant donné ?
> Renversez la question : pourquoi lui ai-je donné mon temps, alors que j'ai des livres, des photos, des tableaux à faire ? Parce que c'est une femme qui me surprend tous les jours. Sa générosité est voulue, décidée, calculée.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous la manipulez ?
> Je lui ai conseillé d'acheter le vignoble bordelais du Cheval-Blanc, la société britannique de photos Ilford, Libération, une maison d'édition, un musée, une tour pour installer L'Oréal en bord de Seine... Elle n'a rien fait de tout cela. Je lui ai demandé de produire des films : ceux qu'elle a financés me déplaisent ! Et on prétend que je la manipule !
Pourquoi avez-vous évoqué des témoignages en votre faveur de Nicolas Sarkozy et d'Eric Woerth ? Les avez-vous rencontrés chez Liliane Bettencourt ?
> Non. Elle ne m'a jamais parlé ni de l'un ni de l'autre. Dans ma déposition à la brigade financière, j'ai simplement dit que j'étais franc avec les puissants comme avec n'importe qui. J'ai croisé Nicolas Sarkozy une fois, avant son élection, lors d'un dîner avec Bernard Arnault : je lui ai dit qu'il ressemblait à mon petit frère, je l'ai trouvé très drôle. J'ai vu Eric Woerth une seule fois, chez le financier Gilles Cahen-Salvador : nous avons parlé photographie et je l'ai trouvé très droit. Il y a cinq ans, j'ai eu un contrôle fiscal et aucun redressement. En revanche, cette année, puisque je suis de toute évidence un contribuable signalé, j'ai réglé 90 000 euros sans pénalité pour un chèque déclaré à une mauvaise date.
Pourtant, les témoignages contre vous se sont multipliés ?
> Pourquoi la plaignante n'a-t-elle aucun témoignage issu de figures qui font autorité ? Alors qu'elle et son mari en ont été entourés toute leur vie. Je ne vois que des faux témoins. Quand le chauffeur de M. Bettencourt raconte que, jusqu'en 2004, Liliane et moi parlons dans la voiture, c'est oublier que je me rends à nos déjeuners à Mobylette : comment pourrions-nous converser ? Il ajoute m'avoir vu, depuis le parking près du restaurant Grand Véfour, grâce aux miroirs qui sont au plafond, recevoir une enveloppe de Liliane. On rêve... M. Lacharme, qui fut mon cuisinier de 2005 à 2007, a été condamné pour vol chez moi. Il est le meilleur ami du maître d'hôtel espion, Pascal Bonnefoy. Et les rumeurs continuent. Le 9 juillet, dans Le Monde, on évoque un petit-fils de Madeleine Castaing et un descendant d'Anna de Noailles, "qui furent toutes deux de riches et généreuses amies du photographe". Madeleine Castaing n'était pas riche et Anna de Noailles est une poétesse morte quatorze ans avant ma naissance. Il y a confusion avec Marie-Laure de Noailles. Le petit-fils de cette dernière m'a dit il y a un an, pendant l'enquête : "Ce n'est pas toi qui nous dois quelque chose, c'est nous qui te devons pour tout ce que tu as apporté à Marie-Laure." De plus, les propos sur la prétendue largesse de Madeleine Castaing à mon égard ont été condamnés pour diffamation par la 17e chambre de Paris. "Il manque toujours les preuves suffisantes pour faire de François-Marie Banier un détrousseur professionnel de vieilles dames fortunées", ajoute Le Monde. Certes, j'ai acheté un local à Mme Castaing, rue Visconti, en 1983. L'enquête préliminaire de la brigade financière a démontré que je n'avais pas fait une bonne affaire.
Enfin, la fille de Liliane Bettencourt vous accuse surtout de l'avoir totalement isolée de sa mère.
> Oui, je sais. La plaignante se répand dans la presse, prétendant qu'elle n'a pas accès à sa mère et qu'elle attend de la retrouver avec bonheur. Mme Meyers-Bettencourt oublie-t-elle qu'elle habite en face de sa mère, à Neuilly, de l'autre côté du trottoir ? Elle la voit dans les conseils d'administration de L'Oréal, dans les conseils de stratégie et ceux de la Fondation, qui se tiennent, depuis la mort d'André, au domicile de Liliane, autour de la table de la salle à manger. Les méthodes utilisées contre moi par la plaignante et son avocat sont inadmissibles. La fabrication de preuves, la dénaturation des faits, la calomnie répétée inlassablement, sans parler de l'utilisation d'enregistrements clandestins, tout y passe. La suite des événements démontrera que les moyens les plus malhonnêtes ont été utilisés pour fabriquer un procès qui n'aurait pas dû être. Tout cela est scandaleux et je sais que le temps me donnera raison. J'espère également, et surtout, que le temps donnera raison à Liliane.
Propos recueillis par Christophe Barbier et Jean-Marie Pontaut
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