Deuxième importateur de pétrole du monde, la Chine est de plus en plus exposée aux désastres écologiques provoqués par des incidents industriels majeurs, notamment dans le secteur des hydrocarbures.
Vendredi 16 juillet, l'explosion de deux oléoducs servant au déchargement d'un tanker dans le port de Dalian, au nord-est du pays, a provoqué une importante marée noire et nourri de nouvelles interrogations sur les responsabilités des industriels concernés et des autorités de surveillance.
Le port de Dalian, où transitent environ 57 millions de tonnes de pétrole par an, héberge le principal site établi par la Chine pour ses réserves stratégiques. Rien ne permet de dire pour l'instant si le pétrole qui s'écoule aujourd'hui était destiné à cet usage ou s'il faisait partie de stocks commerciaux.
Selon la télévision chinoise, 1 500 tonnes de pétrole se seraient déversées dans la mer Jaune. La nappe couvrirait une surface de près de 430 kilomètres carrés
Si les autorités ont lancé des opérations de nettoyage à grande échelle - bateaux écumeurs, mousses chimiques, digues, bactéries mangeuses de brut -, l'impact sur l'environnement et sur la pêche est estimé comme majeur, malgré l'optimisme initial des autorités locales qui avaient promis que le nettoyage serait terminé d'ici à la fin de la semaine. " Il faudra au moins deux semaines pour que la nappe soit contenue, mais les dégâts écologiques peuvent durer une décennie ", a déclaré au Shanghai Morning Post, le chercheur Zhao Zhangyuan, de l'Académie de recherche chinoise sur les sciences de l'environnement. Surtout, a révélé, mardi 20 juillet, le National Business Daily, basé à Shanghaï, la Dalian Petrochina International Warehousing & Transportation, société qui gère les oléoducs ainsi que le site où a eu lieu l'explosion, avait été prévenue en avril, par une enquête d'évaluation, que le risque d'explosion et d'incendie était " très sérieux " sur ses installations, en raison d'une mauvaise ventilation, de fuites potentielles, et de la haute teneur en soufre du pétrole importé d'Arabie Saoudite.
Le South China Morning Post de Hongkong révèle que les réservoirs (d'une capacité de 300 000 tonnes) concernés par l'incident, appartiennent aux huit sites pétrochimiques placés en 2006 sur une liste noire de l'agence de protection de l'environnement chinoise, pour la vétusté de leur système de prévention des risques.
La plus grave
Les résultats de l'enquête diligentée par le gouvernement ne sont pas attendus avant deux semaines. Mais CNPC et sa filiale Petrochina pourraient à nouveau se trouver sur la sellette : c'est une explosion dans une usine de Petrochina à Jilin en 2005 qui fut responsable de la pollution au benzène de la rivière Songhua, l'une des catastrophes écologiques les plus marquantes de la décennie en Chine. Début 2010, une explosion dans des réservoirs de la CNPC à Lanzhou avait fait cinq morts. Et une fuite de diesel sur un oléoduc avait déversé 100 tonnes de fuel dans un affluent du fleuve Jaune, dans le Shaanxi.
Le ministère de la protection de l'environnement reste discret. " Il est encore difficile d'évaluer la réaction du gouvernement chinois, c'est trop tôt ", estime Yang ailun, responsable du département climat et énergie à Greenpeace Chine. " Nos équipes rencontrent les officiels du bureau de protection de l'environnement. Mais on a l'impression que les autorités chinoises minimisent l'incident pour l'instant. Alors que c'est la plus grave marée noire qu'ait connue la Chine ces dernières années, la couverture médiatique est relativement faible, il y a peu de déclarations officielles et de conférences de presse ", constate Mlle Yang.
Brice Pedroletti
© 2010 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire