jeudi 15 juillet 2010

Les énergies " vertes ", victimes de la crise en 2009

Le Monde - Environnement & Sciences, vendredi, 16 juillet 2010, p. 4

Malgré un coup de froid en 2009, les énergies renouvelables continuent de gagner du terrain dans le monde. La présentation, jeudi 15 juillet, par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), des " Tendances mondiales d'investissement dans les énergies durables " montre que les investissements s'inscrivent en hausse sur le moyen terme.

Le même jour, l'état des lieux dressé par le réseau mondial REN21, qui cherche à promouvoir ces énergies, confirme que " malgré les vents contraires causés par la récession économique, la baisse des prix du pétrole et l'absence d'accord international sur le climat, les renouvelables sont arrivées à tenir bon ".

Le montant des investissements en faveur des énergies renouvelables dans le monde en 2009 - 162 milliards de dollars (127 milliards d'euros) - est certes en recul de 7 % par rapport à l'année précédente, mais il est quatre fois plus élevé que celui affiché en 2004, selon le PNUE. Les difficultés de financement rencontrées par les investisseurs sont la principale explication de la mauvaise performance de 2009.

" Les énergies propres ne sont pas une bulle créée par les derniers épisodes d'un boom du crédit, mais elles représentent un secteur d'investissement qui va rester important dans les années à venir ", affirment les experts du PNUE.

L'observation des premiers mois de l'année vient confirmer ces propos, puisque, sur le premier semestre, 65 milliards de dollars ont été dépensés en faveur des énergies vertes, en croissance de 22 % sur la même période de 2009. Ce beau début d'année se produit malgré la crise qui agite certains pays européens dynamiques sur le secteur des énergies vertes et la volatilité des marchés financiers.

En 2009, pour la seconde année consécutive, les dépenses pour installer de nouvelles capacités de production renouvelables (en incluant l'hydraulique) ont été supérieures à celles dédiées aux énergies fossiles. Près de 50 GW de capacité de génération d'énergie verte ont été créés dans le monde, hors grands équipements d'hydroélectricité, contre 40 GW en 2008, selon les estimations de l'agence onusienne. Avec l'apport de l'hydroélectricité (28 GW nouveaux), les énergies renouvelables se rapprochent du niveau de nouvelles capacités à base d'énergies fossiles (83 GW). Par ailleurs, en 2009, les renouvelables ont fourni 18 % de l'électricité consommée dans le monde, d'après REN21.

L'année 2009 a aussi été marquée par l'entrée en vigueur des plans de relance adoptés pour faire face à la crise économique. Une partie - 188 milliards de dollars, selon le PNUE - est consacrée aux énergies vertes et aux économies d'énergie. Ce coup de pouce n'a cependant pas encore porté tous ses effets, puisque seuls 9 % des budgets prévus pour les énergies vertes ont été dépensés en 2009. Le reste doit en principe être débloqué en 2010 et en 2011. A condition que les plans de rigueur qui se généralisent dans les pays développés ne remettent pas en cause ces programmes.

La part des investissements alloués en 2009 à la recherche et développement (R & D) dans les énergies propres par les entreprises et les gouvernements s'est élevée à 24,6 milliards de dollars, contre 24,2 en 2008, en recul de 16 % sur 2008 pour les premières (à 14,9 milliards de dollars) et en croissance de 49 % pour les seconds (à 9,7 milliards de dollars). Les gouvernements ont fait preuve de volontarisme politique pour soutenir l'émergence de ces nouvelles filières énergétiques tout en créant des emplois verts.

L'évolution des dépenses varie selon les régions. Sur les 119 milliards dépensés hors budget de R & D, la Chine a pris la tête du classement mondial avec 33,7 milliards de dollars, en augmentation de 53 %. Les Etats-Unis (17 milliards), le Royaume-Uni (11,7 milliards) et l'Espagne (10,7 milliards) suivent.

L'éolien a attiré la plus grosse part de ces investissements en 2009, représentant en Europe et aux Etats-Unis 39 % de la puissance nouvellement installée, tandis que la Chine a doublé sa capacité éolienne avec l'addition de 18,8 GW en 2009. Sur la période 2005-2009, le rapport de REN21 montre que la puissance installée en éolien a progressé en moyenne de 27 % par an.

Si les investissements dans les technologies vertes s'inscrivent à la hausse sur le moyen terme, le chemin à venir pourrait être chaotique. La conclusion décevante du sommet de Copenhague, la difficulté de l'administration Obama à faire passer sa loi sur le climat ou la volonté de gouvernements européens de réduire les aides en faveur des renouvelables montrent que la croissance des investissements peut subir des à-coups conjoncturels.

Bertrand d'Armagnac

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