Réponse à Guy Sorman, qui dénonce les abus du régime communiste.
Lisant quotidiennement Le Monde, que je considère comme un journal de référence, quelle n'a pas été ma surprise de lire une tribune titrée « J'accuse le régime chinois » (Le Monde du 7 juin), signée par Guy Sorman, qui comportait une mise en cause extrêmement partiale et grossière de mon pays, avec des arguments infondés.
D'abord, je ne suis pas d'accord quand l'auteur affirme que « la Chine considère la croissance comme son destin ». La croissance, tout comme la démocratie, est un moyen au service d'une fin qui consiste à développer le pays et à édifier une vie heureuse et digne pour son peuple.
A mon avis, une croissance sans démocratie est impossible, une démocratie sans croissance est catastrophique. La Chine n'aurait pu, en l'absence de démocratie, poursuivre sa croissance continue pendant plus de trente ans. Le processus de démocratie en Chine accompagne toujours le développement économique et social. Un pays n'a pas le droit d'imposer sa conception de la démocratie aux autres, car la réalité est différente dans chacun. Je suis toujours frappé quand on se contente de juger les autres à partir de ses propres opinions politiques.
Ensuite, je m'inscris en faux contre l'affirmation que « le non-droit à la démocratie est assez bon pour les Chinois ». Dès 1919, les Chinois ont réclamé le droit à la démocratie et à la science. En 1949, ils ont été émancipés et libérés. Pendant plus de trente ans, grâce à des réformes et à une ouverture incessantes, ils ont pu jouir du droit à la nourriture, à l'habillement, au logement, à l'éducation et à la politique. Les élections directes sont effectuées au niveau des villages. Tout cela constitue un progrès gigantesque dans l'histoire chinoise.
Pas de jugements tout faits
Troisièmement, je ne suis pas d'accord pour comparer le docteur Sun Yat-sen [1866-1925, qui proclame la République en 1912] à n'importe qui. Le docteur Sun a été le pionnier de la révolution chinoise. Grâce à lui, le régime féodal qui régnait depuis plus de deux mille ans a été renversé. C'est un grand homme respecté par tous les Chinois. Chaque année, lors de la fête nationale, son portrait est hissé sur la place Tiananmen. Il peut être soulagé d'apprendre que la Chine est devenue un pays puissant, prospère et démocratique.
Quatrième désaccord : on prétend que « les paysans chinois sont privés d'écoles et de toute médecine ». Il est vrai que le niveau de vie à la campagne reste moins élevé qu'en ville. Mais l'espérance de vie des Chinois est passée de 35 ans en 1949 à 72 ans en 2009, le revenu annuel des paysans augmente sans cesse, les entreprises rurales se développent, plus de 100 millions de paysans viennent travailler en ville chaque année. L'urbanisation en Chine est de l'ordre de 42 % aujourd'hui, de 50 % attendus en 2015. Pour la première fois, les paysans chinois n'ont pas besoin de payer leur impôt agricole, l'assurance-vie minimale s'applique dans tout le pays. Bien sûr, ce n'est pas suffisant, mais on ne s'arrêtera pas là.
Enfin, je ne suis pas d'accord quand on dit que « le pouvoir de la Chine devient arrogant » et « la Chine respecte de moins en moins les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ». Les Chinois ne sont pas un peuple arrogant. Mais ils savent défendre leurs intérêts vitaux. Pour s'adapter à l'OMC, la Chine a modifié 2 300 lois et règlements avant son entrée dans cette organisation en 2001. Depuis lors, elle n'a cessé d'assouplir ses règlements pour s'adapter aux règles de l'OMC.
Pour une meilleure compréhension de la Chine, il faut donc abandonner l'esprit figé de la guerre froide et les jugements tout faits. Il faut voir la Chine d'une façon globale et visionnaire.
Conseiller de presse près l'ambassade de Chine en France
© 2010 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire