Pour asseoir son développement en assurance-vie en Chine et « changer d'échelle » sur ce marché difficile mais prometteur, AXA a accepté qu'ICBC prenne le contrôle de son joint-venture local. L'assureur gardera la main sur la gestion quotidienne.
Voilà qui donnera peut-être aux investisseurs du baume au coeur. En annonçant hier son intention de s'associer avec le géant chinois ICBC (Industrial and Commercial Bank of China), première banque mondiale par la capitalisation boursière, AXA a vraisemblablement marqué plusieurs points.
Moyennant 1,2 milliard de yuans RMB (129 millions d'euros), ICBC va prendre 60 % d'AXA Minmetals, la coentreprise créée en 1999 par AXA (51 % détenus avec AXA APH) et le groupe industriel China Minmetals Corporation (49 %). AXA conservera 27,5 % de l'entité, et Minmetals 12,5 %. Une perte de majorité largement compensée, selon le groupe, par le « changement d'échelle » anticipé. AXA devient en effet le « partenaire privilégié » en assurance-vie d'ICBC, qui compte 16.000 agences en Chine. Et l'assureur français gardera la main sur la gestion quotidienne de la boutique.
Le groupe présidé par Henri de Castries prouve ainsi que ses velléités de développement en Asie ne sont pas lettre morte. Et ce malgré la tournure prise par l'opération de rachat des minoritaires de la filiale en Asie Pacifique AXA APH, contrariée par l'antitrust australien.
Engagements
Le mouvement n'est pas que symbolique : AXA s'est engagé à renforcer la part des pays émergents dans ses résultats, l'objectif étant qu'ils contribuent à hauteur de 15 % d'ici trois à cinq ans, contre moins de 5 % aujourd'hui. Et les chiffres au 30 septembre, publiés hier, prouvent qu'en assurance-vie notamment, ce sont ces pays qui tirent l'activité.
Dans ce contexte, AXA se donne les moyens, à moindre coût, de se renforcer en Chine, marché dont le potentiel de croissance semble proportionnel à la difficulté, pour un assureur étranger, d'y percer. Avec un taux de pénétration de 2,3 % et une prime moyenne de 82 dollars par tête, le marché chinois de l'assurance est encore émergent. Confrontés à la dominance des acteurs locaux (China Life, Ping An...) et à un environnement réglementaire très contraignant, les assureurs étrangers n'y représentent qu'une part de marché faible (4 % environ) et déclinante en assurance-vie. AXA Minmetals, qui a collecté 830 millions de yuans de primes (89 millions d'euros) sur les neuf premiers mois de l'année, représente encore une goutte d'eau dans l'univers AXA (70,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur neuf mois, dont 44 milliards en assurance-vie). Mais, avec ce partenariat, le groupe compte bien se doter d'une sérieuse longueur d'avance sur ses concurrents européens et américains.
GERALDINE VIAL
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