Le leader local de la recherche sur Internet bénéficie de l'éviction progressive de Google du marché chinois. Ses résultats financiers ont plus que doublé en un an, dépassant toutes les attentes.
Jusqu'où ira Baidu ? Le moteur de recherche star de Chine a présenté, vendredi, des résultats financiers qui traduisent une santé de fer. Sur un an, le chiffre d'affaires de la société a augmenté de 76,4 % pour atteindre 2,26 milliards de yuans (243 millions d'euros) au troisième trimestre de l'exercice 2010. Et le bénéfice net a plus que doublé, augmentant de 112 % pour atteindre 1,05 milliard de yuans (113 millions d'euros). Les pronostics des analystes ont été dépassés, et la Bourse de New York a salué ce résultat en propulsant pendant quelques instants le cours de l'action Baidu à son record historique de 2005.
Plusieurs facteurs expliquent ce succès. Bien que personne ne le clame haut et fort chez Baidu, le premier est politique. Depuis que Google a ouvertement refusé, en janvier dernier, de se plier aux règles de censure chinoises, et a entamé un bras de fer avec les autorités, le moteur de recherche américain a vu ses parts de marché baisser de 3 points de pourcentage dans le pays.
Par un simple jeu de vases communicants, c'est Baidu qui a récupéré cette partie de trafic. Il gère désormais 73 % des requêtes sur Internet, contre 70 % il y a un an. Un glissement qui s'est traduit sur les revenus publicitaires : ceux-ci ont doublé puisque les annonceurs chinois ont eu tendance à se rediriger vers Baidu, un moteur de recherche nettement plus fréquentable aux yeux du pouvoir_
La firme chinoise a, par ailleurs, lancé, en décembre dernier, un programme baptisé « Phoenix Nest », dont l'objectif est d'augmenter les ventes de mots clefs. Elle a enfin lancé un service de téléchargement qui permet notamment d'accéder à des livres électroniques.
A l'assaut du e-commerce
Mais avec une part de marché qui confine au monopole, Baidu sait désormais que pour croître, il lui faut à tout prix aller plus loin sur la voie de la diversification. D'où l'annonce, vendredi, d'une hausse des investissements. Au troisième trimestre, ils ont atteint 246 millions de yuans (26 millions d'euros), contre 181 millions (19 millions d'euros) trois mois plus tôt. D'où, surtout, l'objectif affiché de devenir un acteur incontournable du e-commerce chinois.
La semaine dernière, Baidu a lancé, en partenariat avec le japonais Rakuten, une plate-forme de commerce électronique dont l'objectif est d'utiliser les requêtes des internautes pour les aiguiller vers les produits qui leur conviennent. Baidu s'attaque ainsi au géant local du e-commerce, dénommé Alibaba. Un site chinois, cette fois. Qui ne devrait pas, contrairement à Google, déposer les armes avant le combat.
GABRIEL GRESILLON
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