Dans la guerre des terres rares, la Chine a son porte-étendard, la compagnie Baotou Steel Rare Earth High-Tech. Sa maison mère, Baotou Iron & Steel Group, règne en maître sur la province chinoise de Mongolie-Intérieure qui renferme deux tiers de la production nationale actuelle. Cet été, la National Development and Reform Commission (NDRC), organe clé du pouvoir central, lui a confié le monopole de l'exploitation des précieux minerais dans sa région, effectif d'ici à la fin de l'année.
C'est depuis l'austère ville industrielle de Baotou, dans cette région située aux marches de l'empire du Milieu, que se gère l'essentiel de la production. Baotou Steel Rare Earth High-Tech produit 44 % des terres rares de la planète, à hauteur de 55 000 tonnes par an. Un statut de mastodonte du secteur qui ne cesse de se conforter. Il y a deux mois, la compagnie a investi 25 millions d'euros dans trois sociétés de la province du Jiangxi, au sud, bien loin de son fief d'origine.
Une gageure dans un pays où chaque gouvernement provincial garde jalousement ses prérogatives sur les ressources locales, surtout quand elles sont précieuses comme les terres rares. Mais la société chinoise de Baotou, dont la capitalisation boursière atteint 6,7 milliards d'euros, a la bénédiction de Pékin pour consolider un secteur éparpillé et surtout grevé de sites illégaux.
Une hausse de 170 %
Aujourd'hui, rien n'arrête sa progression. Dopée par la reprise mondiale et l'envolée des cours, l'entreprise a multiplié par six ses bénéfices sur le premier semestre, avec 38 millions d'euros. Et à Shanghaï, son titre a grimpé de plus de 170 % depuis le début de l'année.
Baotou Steel Rare Earth High-Tech pilote également la constitution des réserves chinoises. Six sites de stockage ont déjà été construits avec une capacité de 5 000 à 6 000 tonnes. D'ici à cinq ans, la société compte bien accumuler entre 200 000 et 300 000 tonnes de ces minerais.
Le quasi-monopole sur la production et les réserves devraient doter Baotou Steel Rare Earth High-Tech d'un puissant levier dans les négociations de fixation des cours, voulue par Pékin au niveau national. L'idée est d'établir tous les mois un prix identique pour chaque terre rare entre les différentes provinces productrices. Sur le long terme, le but est clair : accroître l'influence des groupes miniers nationaux, celui de Baotou en tête, sur le prix des minerais au niveau mondial.
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