mardi 26 octobre 2010

La Chine doit accélérer le rééquilibrage de sa croissance - Wei Gu


Le Monde - Economie, mercredi, 27 octobre 2010, p. 15

Le point de vue des chroniqueurs de l'agence économique Reuters Breakingviews

La Chine est aujourd'hui parvenue à l'âge adulte. Maintenant que certaines propositions de réforme ont reçu le feu vert des ministres des finances du G20, les vendredi 22 et samedi 23 octobre à Gyeongju (Corée du Sud), elle va devenir dans les formes la troisième puissance au sein du Fonds monétaire international (FMI). Mais si Pékin veut se montrer à la hauteur de son statut de nouvelle puissance mondiale, le gouvernement chinois doit se hâter de prendre les mesures nécessaires à la réduction des déséquilibres financiers mondiaux.

En initiant ces changements qui n'ont que trop tardé, le FMI ne fait jamais que prendre acte du poids croissant des pays émergents. Deuxième économie mondiale, la Chine n'occupait jusqu'à présent que le sixième rang au classement des actionnaires du Fonds. Le FMI devait donc s'adapter, sous peine de n'être plus du tout représentatif. D'après le cabinet PricewaterhouseCoopers, la Chine pourrait ravir la place de première économie mondiale aux Etats-Unis dès 2020.

Les puissances occidentales seront bien déçues si elles comptent sur Pékin pour consentir des concessions à court terme. La Chine ne réévaluera pas sa monnaie juste parce qu'on lui a accordé plus de poids au sein du FMI. Au contraire, ce surcroît d'influence pourrait tempérer l'ardeur des appels de l'institution à impulser des réformes d'envergure.

La Chine reconnaît que le G20 des chefs d'Etat et de gouvernement, qui aura lieu les 11 et 12 novembre à Séoul, doit s'atteler à la réduction des déséquilibres mondiaux... dont elle est en grande partie à l'origine. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant chinois équivaut à moins de 10 % de celui des Etats-Unis, mais c'est le pays qui détient les plus grandes réserves de devises au monde. Le FMI estime que l'excédent de la balance courante chinoise représentera 4,7 % du PIB en 2010.

Réformes audacieuses

La Chine doit développer sa demande nationale et réajuster son taux de change en fonction des fondamentaux du marché. Pékin ne s'oppose pas à l'idée de limiter le surplus de la balance courante à moins de 4 % du PIB, une barre que le G20 Finances a évité d'imposer formellement.

Yi Gang, le gouverneur adjoint de la Banque centrale chinoise, avait récemment laissé entendre que son pays pourrait réaliser cette performance d'ici trois à cinq ans, mais la Chine devrait accélérer le mouvement. Avec une croissance annuelle de 10 %, se contenter de fixer un objectif relatif à un horizon de quelques années ne réglera en rien le problème.

Le seul moyen pour la Chine de gagner en influence sur la scène mondiale est de réussir d'audacieuses réformes. Si Pékin paraît disposé à s'engager dans cette voie, il lui faut presser le pas pour que ses partenaires lui fassent confiance.

Wei Gu

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