Les Echos, no. 20776 - International, lundi, 4 octobre 2010, p. 7
Prenant la présidence du G20 en novembre, Paris compte convaincre Pékin de discuter de la valeur du yuan, alors que le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, entamait ce week-end en Grèce une tournée européenne.
L'Elysée compte mettre à profit la présidence française du G20, à partir du 12 novembre, pour convaincre Pékin de la nécessité de discuter de la valeur du yuan. Alors que se multiplient les critiques sur la sous-évaluation de la monnaie chinoise, accusée de provoquer la désindustrialisation des Etats-Unis et des pays européens, le « Wall Street Journal » et le « Financial Times » de samedi évoquaient même un an de tractations secrètes en ce sens entre Paris et Pékin, ce qui a été démenti par la présidence de la République où on parlait plutôt, à la veille du sommet Europe-Asie à Bruxelles, d'une réforme du système monétaire international simplement fondée sur la mise en place de « coordinations » et de « filets de sécurité ». Les échanges avec Pékin « ne sont en rien secrets » car cela serait contraire à l'esprit du G20, ajoute Paris.
Pékin, de son côté, pousse ses pions en Europe, à commencer par le maillon faible de la zone euro, la Grèce, où Wen Jiabao, « qui a accusé hier, sur CNN le congrès américain de politiser la question du niveau du yuan, et qui a affirmé que l'excédent commercial de son pays était normal à son stade de développement », le Premier ministre chinois a entamé ce week-end une tournée de trois jours, la première de ce niveau depuis vingt-quatre ans. Il doit ensuite participer aujourd'hui et demain à un sommet Europe-Asie où il pourrait croiser, mais pas nécessairement rencontrer, son homologue japonais, alors que les relations entre les deux pays sont exécrables.
Un partenariat stratégique
En revanche, les relations avec la Grèce n'ont jamais été aussi bonnes, a-t-il estimé, aux côtés du chef du gouvernement grec, George Papandréou. Le Premier ministre grec s'est engagé à plaider au sein de l'Union européenne en faveur d'un partenariat stratégique avec la Chine. De son côté, Wen Jiabao a souligné que son pays « avec ses réserves de change, a déjà acheté des obligations grecques » et s'est engagé à en acheter d'autres quand Athènes reviendra sur les marchés financiers.
La Chine compte aussi étendre ses intérêts dans les infrastructures d'un pays dont elle fera sa porte d'entrée dans l'Union et les Balkans. Un fonds doté initialement de 5 milliards de dollars à été constitué pour financer le transport maritime. Grecs et Chinois travaillent déjà ensemble pour bâtir dans le port du Pirée le plus grand centre de distribution et de transit entre l'Europe et l'Asie. L'an passé, le total des échanges entre les deux pays s'élève à 4 milliards de dollars. Wen Jiabao veut doubler ce montant en cinq ans.
MASSIMO PRANDI
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