L'industrie textile chinoise s'inquiète. Les entreprises annoncent qu'elles répercuteront la hausse des cours du coton.
La Chine, qui a subi ces derniers mois de violentes intempéries en partie responsables de l'envolée des cours mondiaux du coton, est aussi l'une des premières victimes de l'actuelle ruée vers l'« or blanc ». L'industrie textile, qui fournit encore aujourd'hui une vingtaine de millions d'emplois selon le « China Business Journal », et assure surtout au pays un cinquième de ses entrées de devises étrangères chaque année, regarde avec inquiétude un phénomène qui menace sa rentabilité. Et dans certains cas, sa survie.
Le signal d'alarme est officiellement tiré. Pan Rihui, le secrétaire général de l'Association de l'industrie textile, a récemment déclaré que, compte tenu du fait que le coton représente environ 40 % du prix final d'un tissu, « lorsque son prix augmente de 5 %, le bénéfice de l'entreprise diminue de 2 % ». Sachant que la marge de ce secteur d'activité, concurrencé par des pays où la main-d'oeuvre est encore moins chère, est située « autour de 3 % », le moindre choc peut avoir des conséquences fatales. Lors de la crise financière, fin 2008, ce sont les secteurs du jouet et du textile qui avaient le plus souffert, compte tenu, précisément, du peu de marge dont ils disposaient pour s'adapter. Pour l'instant, les produits qui sortent des usines sont confectionnés avec une matière première achetée avant l'envolée des cours.
L'Etat puise dans les stocks
Mais cela ne pourra pas durer. Déjà, certaines entreprises du secteur de l'habillement préviennent qu'elles n'auront pas d'autre choix que de répercuter sur les consommateurs la hausse du coût de leurs intrants. A l'image de Li Ning, la plus célèbre marque de sportswear chinoise, qui a annoncé des hausses de 7,8 % et 17,9 % pour les chaussures et les vêtements au cours du trimestre actuel. Le ministère de l'Industrie et de la Technologie informatique envisagerait de prendre des mesures de soutien sur le plan fiscal. Et l'Etat puise dans les stocks stratégiques de coton pour calmer un peu le marché. Mais ils se vident rapidement : la région du Xinjiang, principale source de coton du pays, a presque vendu l'intégralité de la récolte de cette année.
Vendredi dernier, l'Association chinoise du coton a déclaré que la hausse actuelle, bien que due en partie à des problèmes d'adéquation entre offre et demande, découlait aussi « largement » de l'activité des spéculateurs. Compte tenu de sa croissance prometteuse et de sa monnaie appelée à s'apprécier, la Chine subit actuellement un afflux de « hot money » dont certains estiment qu'il explique en partie la hausse du coton.
Gabriel Grésillon
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