L'Exposition universelle se termine dimanche. Elle aura accueilli 71 millions de visiteurs, record absolu. Le pavillon français, très décrié, a été le plus visité des étrangers.
Milan n'a qu'à bien se tenir. La ville qui doit accueillir, en 2015, la prochaine Exposition universelle, sait que la barre est placée plus haut que jamais. Alors que l'on sait peu de chose de la cérémonie de clôture de Shanghai 2010, qui doit se tenir ce dimanche, il est difficile d'échapper à la liste de records battus au cours des six derniers mois. Le premier est évidemment l'affluence : plus de 71 millions de visiteurs. La ville d'Osaka, avec ses 62 millions en 1970, est battue. Le nombre de pays participant, 189, est également sans précédent. Sur le plan financier, les investissements ont été colossaux. Même si la ville de Shanghai n'a confirmé qu'un budget de 28,6 milliards de yuans sur le site (3 milliards d'euros), les médias d'Etat ont fait leurs calculs, en additionnant l'ensemble des investissements réalisés pour mettre la ville au niveau. Ils se sont établis à 400 milliards de yuans (43,5 milliards d'euros). C'est plus que les sommes dépensées pour les JO de Pékin.
L'ensemble de la Chine est fière de ce résultat, qui prouve à nouveau, deux ans après les jeux Olympiques, la capacité du pays à organiser des événements internationaux sans le moindre accroc. Une image qui contraste, par exemple, avec les difficultés éprouvées par l'Inde dans l'organisation des Jeux du Commonwealth. Mieux, les organisateurs ont été capables de faire évoluer le site au cours de ces six mois, de manière à être en mesure de gérer un flux quotidien pouvant dépasser 1 million de visiteurs, et non 600.000 personnes comme prévu à l'origine.
Mais cet événement aura surtout été l'occasion d'une métamorphose pour Shanghai. Pour Antoine Bourdeix, à la tête de l'équipe de Publicis Consultants chargé de la communication pour l'Expo, « la ville la plus riche de Chine ressort de cette exposition avec le statut de grande capitale internationale, conformément à son objectif stratégique d'être la principale plate-forme financière et logistique d'Asie à l'horizon 2020 ». Le nouvel aéroport a une capacité de trafic de 40 millions de passagers par an, soit_ 40 fois plus que le précédent. Plusieurs centaines de kilomètres de lignes de métro ont été construites, de même que des lignes ferroviaires à grande vitesse, tandis que le célèbre boulevard du Bund était intégralement rénové.
Quant à la France, elle termine l'événement nettement mieux qu'elle l'avait commencé. Avec un pavillon beaucoup décrié dans l'Hexagone, elle est parvenue à recevoir le plus grand nombre de visiteurs - plus de 10 millions. Même la Chine n'a pas accueilli autant de personnes. Ce qui oblige, rétrospectivement, à reconnaître deux vertus au pavillon tricolore. La première est architecturale : grâce à son ingénieuse descente en pente douce, l'endroit a été capable de gérer un flux de visiteurs nettement plus élevé que les autres. Alors qu'il a parfois fallu faire huit heures de queue pour visiter le pavillon saoudien, célèbre pour son écran géant, il suffisait le plus souvent de se contenter d'une heure devant celui de la France. L'autre qualité du lieu est paradoxalement ce qui lui était beaucoup reproché : son manque d'audace. Plutôt que de chercher à surprendre, en présentant par exemple la capacité d'innovation du pays, les organisateurs ont surtout joué la carte du romantisme et de la douceur de vivre, mettant en avant des images classiques de Paris ou des tableaux impressionnistes. Plus béret et vin rouge que TGV et centrale nucléaire, donc_ Un choix manifestement payant, et en tout cas assumé par José Frèches, président de la Compagnie française pour l'exposition, qui a publiquement déclaré avoir « voulu donner aux gens ce qu'ils attendaient, en faisant quelque chose de populaire ». Pari gagné. Y aura-t-il 10 millions de touristes chinois en France l'année prochaine ?
Gabriel Grésillon
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