mercredi 24 novembre 2010

Climat : Pékin veut que Washington pilote la négociation - Hervé Kempf

Le Monde - Environnement & Sciences, mercredi, 24 novembre 2010, p. 4

La Chine a jeté un froid à moins d'une semaine de la reprise de la négociation climatique à Cancun, au Mexique, le 29 novembre. Dans une conférence de presse tenue à Pékin, mardi 23 novembre, le principal négociateur chinois, Xie Zhenhua, a déclaré : " Nous espérons que les Etats-Unis vont jouer un rôle moteur et piloter le processus de négociations dans son ensemble. " L'appel de la Chine peut s'interpréter comme une annonce de sa passivité : en effet, Washington n'est pas en position de faire avancer les négociations. Barack. Obama n'a pu faire adopter par le Congrès sa loi sur le climat, et il a été très affaibli par les élections législatives de novembre.

Ainsi, le 19 novembre, le chef de la délégation américaine, Todd Stern, a estimé qu'un traité sur le climat n'était pas envisageable pour l'instant : " Fixer une date butoir pour parvenir à un accord sur la lutte contre le réchauffement climatique n'est pas la bonne méthode pour progresser sur la voie d'une réduction des émissions de gaz à effet de serre ", a-t-il indiqué, précisant : " Je préférerais que nous agissions concrètement tout en essayant de parvenir à un traité juridique plutôt que de dire que nous ne ferons rien tant que nous n'aurons pas ce cadre juridique. "

Ping-pong

Entre les deux principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, ce ping-pong provoque le blocage des négociations. Même si la Chine est devenue, en 2008, un plus grand émetteur que les Etats-Unis, elle refuse de prendre l'initiative. Xie Zhenhua a ainsi rappelé la position de Pékin : " En raison des niveaux historiques élevés d'émissions et des émissions importantes per capita dans les pays développés, ceux-ci doivent jouer un rôle moteur dans les actions d'atténuation " du réchauffement.

La Chine assure qu'elle a réduit son " intensité énergétique " (rapport de la consommation d'énergie au produit intérieur brut) de 20 % depuis 2006, et vise un nouveau progrès de 40 % d'ici à 2020. Mais elle refuse une vérification extérieure de ces chiffres.

Cependant, le diplomate chinois a indiqué que des progrès seraient possibles à Cancun : " Nous avons besoin d'avancer vers un résultat substantiel sur la question du financement et des transferts de technologie, des problèmes que les pays en développement examinent avec une grande attention, a-t-il indiqué. Ainsi, nous pourrons poser des fondations solides pour atteindre un accord légalement contraignant en Afrique du Sud l'année prochaine. " Une conférence sur le climat doit en effet se tenir à Johannesburg fin 2011 : c'est alors qu'un successeur au protocole de Kyoto pourrait être trouvé.

De son côté, le secrétaire général adjoint des Nations unies, Robert Orr, a déclaré à New York, lundi 22 novembre, qu'il ne fallait pas " céder aux chants de sirène des climatosceptiques ". " La notion selon laquelle le changement climatique n'a pas lieu ou n'est pas causé par les hommes n'a aucune base scientifique ", a-t-il expliqué.

Hervé Kempf

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