Dans le cadre d'une conférence sur l'état actuel de la crise, l'économiste français regrette le manque de régulation des marchés financiers à l'échelon international.
«Si nous continuons comme cela, la mondialisation se terminera en somalisation.» Devant un parterre de financiers réunis ce mardi à Vevey à l'initiative de la société financière Coninco, Jacques Attali n'a pas hésité à utiliser l'image d'un pays en guerre pour affirmer la nécessité d'instaurer des règles sur les marchés financiers. «Car sans règles, le marché ne peut rester global. Il recule et risque de provoquer des conflits entre pays comme ce fut le cas lors des deux guerres mondiales».
A l'heure de la globalisation, la mise en place d'une réglementation mondiale est d'autant plus indispensable pour l'ancien conseiller de François Mitterrand «qu'il existe une grande contradiction entre le fait d'avoir un marché mondial d'un côté et des démocraties locales de l'autre».
L'économiste français ne croit pas que la réglementation des marchés puisse se faire par l'entremise du G20, une institution dont il dit depuis longtemps qu'elle fait fausse route. Pour lui, le sommet du G20 permet tout au plus de faire «une photo souriante des chefs d'Etat ainsi qu'une photo instantanée de la situation économique internationale». Jacques Attali compare d'ailleurs la réunion qui débute ce jeudi à Séoul à «une réunion d'alcooliques qui promettent de se désintoxiquer en se réunissant pour boire un dernier verre». La dette étant représentée par l'alcool et les Etats Unis se retrouvant dans le rôle de celui qui ne peut s'empêcher de dépenser, 600 milliards de dollars en l'occurrence, pour soutenir sa croissance.
Par ailleurs, comme le rappelle Jacques Attali, une gouvernance mondiale suppose des règles et des procédures bien définies. Or, dans le cadre du G20, «on ne sait même pas qui a décidé d'y assister ou non», souligne-t-il. «Une réunion où les gens ne votent pas, c'est une réunion où ce sont les plus forts qui l'emportent.» Aujourd'hui, l'absence de règles et le manque de démocratie profitent aux Etats-Unis et à la Chine. Ce sont eux qui «ont pris le pouvoir sur le monde» et qui dictent leurs choix au reste de la communauté internationale.
Pour Jacques Attali, il est donc évident que le G20 ne peut assumer le rôle de gouvernement du monde. Ce constat ne veut pas forcément dire que des solutions n'existent pas. «Si on avait vraiment voulu créer une instance de gouvernance mondiale, il aurait fallu le faire avec le Comité intérimaire du Fonds monétaire international qui regroupe 24 pays et qui est composé de personnes qui ont été choisies.» Une autre possibilité, à ses yeux, serait de prendre exemple sur la Suisse et son modèle fédéral qui sont «à l'avant-garde de la gouvernance globale dont le monde a besoin».
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