lundi 22 novembre 2010

La chaîne d'assemblage d'Airbus en Chine sera à l'équilibre dès 2011

Les Echos, no. 20809 - Industrie, lundi, 22 novembre 2010, p. 24

Le site de Tianjin poursuit sa montée en cadence, avec 26 livraisons attendues cette année et devrait atteindre l'équilibre financier plus vite que prévu.

Deux ans après son inauguration, la chaîne d'assemblage d'Airbus A320 de Tianjin semble en passe de gagner son pari. La première et unique chaîne FAL (« final assembly line ») d'Airbus hors d'Europe devrait atteindre l'équilibre financier l'an prochain, au rythme de trois appareils par mois, en avance d'un an sur le plan de marche, a annoncé la semaine dernière son directeur général, Jean-Luc Charles. De 11 livraisons en 2009, l'usine est passée à 26 livraisons pour 2010 et devrait monter aux environs de 37 en 2011, avant d'atteindre la cadence maximale prévue de 4 avions par mois -soit 46 à 48 appareils par an -début 2012.

« Surcoûts importants »

« Nous avons atteint nos objectifs tant en termes de production que de qualité », affirme Jean-Luc Charles, qui assure que rien ne distingue les A320 de Tianjin de ceux assemblés à Toulouse ou Hambourg. Pour l'heure, Airbus perd encore de l'argent sur chaque appareil livré à Tianjin, où les coûts de production restent plus élevés qu'à Toulouse ou Hambourg. « Nous avons des surcoûts importants, reconnaît Jean-Luc Charles. Un tronçon de fuselage qui met deux jours pour aller de Saint-Nazaire à Hambourg met un mois pour arriver par bateau à Tianjin », explique-t-il. Autre charge importante : la centaine d'expatriés, dont le coût est plus de deux fois plus élevé qu'en Europe. Leur nombre devrait toutefois se réduire de 50 % l'an prochain, pour tomber à 4 ou 5 seulement dans deux ans.

Grâce à l'accord passé avec ses partenaires chinois, actionnaires à 50-50 de la FAL de Tianjin, Airbus a vu sa part de marché passer de 20 % en 2005 à 43 % cette année (avec 110 livraisons prévues aux compagnies chinoises), et probablement 50 % l'an prochain. Aux termes de l'accord secret conclu en 2007, les Chinois se seraient engagés à acheter au moins 284 A320 issus de la FAL de Tianjin d'ici à 2015-2016, et au moins autant d'Airbus fabriqués en Europe.

Reste à savoir ce que deviendra cet accord et la FAL de Tianjin, avec l'arrivée prévue en 2016 du Comac C919, le futur concurrent chinois de l'A320 et du B737. Même si la renégociation du contrat de 2007 n'interviendra qu'en 2013, la question est déjà dans les esprits. D'autant que le holding d'Etat Avic, maison mère de Comac, est aussi l'un des principaux actionnaires de la FAL de Tianjin. Les dirigeants d'Airbus se veulent confiants. « Il y a de la place pour un troisième avionneur sur le marché chinois », estime Laurence Barron, le patron d'Airbus en Chine. Aucun avionneur, pas même Airbus, ne pourrait prétendre à lui seul répondre aux besoins du marché chinois. »

BRUNO TREVIDIC

© 2010 Les Echos. Tous droits réservés.

0 commentaires: