Le salon aérien de Zhuhai, qui doit s'ouvrir mercredi 17 novembre, en Chine, non loin de Hongkong, devrait être l'occasion pour Pékin d'y déployer ses ambitions en matière d'aviation notamment avec son premier modèle d'avion de ligne civil, le C919 qui a été commandé à 100 exemplaires par des compagnies chinoises. Le C919, d'une capacité de 150 passagers et devant entrer en service en 2016, est en concurrence directe avec la série A320 d'Airbus et le Boeing 737. Mais il est peu probable que des compagnies étrangères l'achèteront tant qu'il n'aura pas fait ses preuves en vol et que le réseau de maintenance du constructeur ne sera pas reconnu mondialement.
Un petit air d'A320. Quand les spécialistes regardent la maquette du C919 exposée au Salon de Zhuhai, ils ne peuvent s'empêcher de trouver des similitudes avec l'avion européen dans son aérodynamisme et dans son envergure.
" Les Chinois sont partis d'une feuille blanche. Puis, ils ont pris à l'étranger ce qu'il y a de mieux ", note l'un d'entre eux. Une stratégie ambitieuse consistant, en moins de sept ans, à lancer un avion de 156 à 168 places, venant concurrencer Airbus et Boeing sur l'un de leurs secteurs les plus rentables. Lorsque le projet a été présenté en 2007, personne n'y a vraiment cru. Aujourd'hui, le doute est levé. Un premier vol est attendu en 2014 et le début des livraisons deux ans plus tard.
" La Chine veut devenir un concurrent d'Airbus et Boeing en se dotant d'avions ayant au moins le même niveau technologique ", relève Guillaume Rochard, associé responsable du secteur aéronautique et défense chez PwC. " Les compagnies aériennes et les consommateurs chinois sont devenus exigeants. Ils sont prêts à acheter chinois mais veulent des appareils dernier cri et non des copies d'anciennes versions ", ajoute ce spécialiste, conscient des enjeux que cela représente sur les questions de propriété intellectuelle pour les équipementiers occidentaux : " Ne pas participer à ce projet pourrait être un handicap car cet avion n'est pas uniquement destiné au marché chinois. "
" Enorme potentiel "
Malgré les risques liés au transfert technologiques, " tous les équipementiers se sont précipités pour tenter de "monter" dans le C919, note Stéphane Albernhe, du cabinet de conseil Roland Berger. Ils n'ont pas le choix, ce serait se priver d'un marché potentiel énorme. "
Sur les contrats attribués, les américains sont très présents avec GE Aviation Systems, Honeywell, Rockwell Collins, Hamilton Sundstrand, Eaton, ou Goodrich. Côté européen figurent l'allemand Liebherr Aerospace, les français Zodiac Aerospace et Thales. Mais, le plus marquant vient de la motorisation. Les Chinois ont sélectionné CFM, la société commune entre le français Safran et l'américain General Electric qui équipe les A320 et les 737. Au lieu de retenir le moteur existant, leur choix s'est porté sur une version en cours de développement appelée Leap X, qui réduira de 15 % la consommation de carburant par rapport à la génération actuelle de moyens-courriers. De quoi faire réfléchir les deux avionneurs occidentaux.
" Airbus et Boeing sont obligés de repenser leur stratégie car cet avion prendra des parts de marché sur le marché chinois et sera vendu à terme hors de Chine; la double peine donc, estime M. Albernhe. Mais, à la différence des équipementiers, ils disposent d'un peu plus de temps, qu'ils devront gérer au mieux. "
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