Rien ne prédestinait Zhuhaï, grosse bourgade des environs de Macao, à plusieurs heures d'embouteillages du premier aéroport international, à devenir cette semaine le rendez-vous mondial de l'aéronautique. Mais le principal Salon aéronautique chinois, qui est inauguré aujourd'hui, est irrésistible pour les grands noms du secteur. En particulier pour les équipementiers français du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), qui sont une quinzaine à s'être déplacés.
C'est ici qu'ont été annoncées, ces dernières années, les grandes étapes du développement du marché aérien chinois, en croissance de 18 % par an, dont le potentiel est estimé à 4.330 avions neufs et 480 milliards de dollars d'ici à 2029. Lors de la précédente édition, en 2008, Zhuhaï avait ainsi été le théâtre de la naissance de Comac, l'entreprise publique chargée de lancer le premier avion de ligne chinois moyen-courrier, le C919, susceptible de concurrencer l'Airbus A320 et le Boeing 737.
Cette année, Comac devrait encore tenir la vedette, en dévoilant demain une première grosse commande pour le C919 et une centaine au total d'ici à la fin du Salon, émanant des principales compagnies chinoises. Une première maquette de l'intérieur du C919 est aussi exposée. De quoi réjouir Safran, dont la filiale CFM International, en partenariat avec General Electric, a été choisie pour motoriser le C919.
Même si les compagnies chinoises publiques ne déboursent pas d'avances pour ces commandes, celles-ci illustrent le chemin parcouru en deux ans, alors que l'entrée en service du C919 est prévue pour 2016. Airbus et Boeing, eux, semblent devoir se résoudre à un rôle de figurant à Zhuhaï. Il est vrai que les deux avionneurs ont fait le plein de commandes chinoises depuis janvier. Notamment Airbus, avec les 60 commandes fermes signées à Paris il y a deux semaines.
Libéralisation du ciel
Autre vedette du Salon : les hélicoptères civils, avec la libéralisation très attendue des vols à basse altitude. La Chine accuse ici un retard énorme, avec 200 hélicoptères civils pour tout le pays, 4 fois moins qu'en France. Le gouvernement a confirmé la semaine dernière son intention de lever progressivement, sur la durée du plan quinquennal 2011-2015, les restrictions pour les vols à moins de 1.000 mètres d'altitude. En commençant dès janvier par deux zones d'expérimentations : Canton et Harbin. La perspective fait saliver tous les constructeurs, à commencer par Eurocopter, numéro un sur le marché civil chinois. « Nous nous attendons au minimum à un quadruplement du parc d'hélicoptères civils, explique son PDG, Lutz Bertling. Nous nous y préparons en lançant, à travers une filiale commune avec nos partenaires chinois, un plan à cinq ans de développement de la maintenance et de la formation, qui sont les deux principaux freins à l'essor de l'hélicoptère. »
Au terme de l'accord signé hier, Eurocopter prend 34 % de la filiale commune, CGAMEC. La libéralisation du ciel a déjà permis à Eurocopter de vendre à un hôpital chinois le premier hélicoptère d'évacuation sanitaire du pays.
Bruno Trévidic et Gabriel Grésillon
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