Le sommet du G20 de Séoul n'est pas parvenu à résoudre les différends sur les questions des taux de change et des politiques commerciales. Ce qui complique sérieusement la présidence française du G20 pour les douze prochains mois.
Les traits tirés, quelque peu désabusé, le chef de l'Etat français, Nicolas Sarkozy, désormais en charge de la présidence du G20 jusqu'en novembre 2011, n'a pas caché, vendredi, la complexité de la tâche qui l'attend dans les douze prochains mois. « Je mesure l'immensité du chemin qui reste à parcourir », a-t-il concédé. Lui qui a inscrit 3 chantiers prioritaires -la réforme du système monétaire international, une meilleure régulation des marchés de matières premières et la réforme de la gouvernance mondiale -a laissé, semble-t-il, ses illusions au placard à l'issue d'un sommet du G20 de Séoul des plus tendus et houleux sur les questions des taux de change et des politiques commerciales. « La conférence de Bretton Woods a travaillé pendant un an alors qu'à l'époque il n'y avait que deux grandes devises [le dollar et la livre sterling, NDLR]. Ce n'est pas la France qui va régler cette question de la réforme du système monétaire international avec toutes les devises actuelles », a-t-il indiqué.
Une chose est sûre à ses yeux : « Si la stratégie consiste à se faire des reproches les uns les autres, ce sera un échec certain. » Bref, à ce stade, il n'existe pas de système multilatéral satisfaisant et il faut l'inventer. « C'est très nouveau », a-t-il dit. « Toutes les idées sont les bienvenues. Qu'elles émanent du président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, ou de l'ancien président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan », a expliqué Nicolas Sarkozy.
D'ici au sommet du G20 français, en novembre 2011 à Cannes, le chef de l'Etat français ne ménagera pas ses efforts pour tenter d'obtenir un consensus sur ce vaste sujet. L'idée est de jouer collectif. Dans ce but, Nicolas Sarkozy se rendra du 5 au 7 décembre en Inde, où il s'entretiendra des sujets prioritaires de sa présidence avec le Premier ministre indien, Manmohan Singh. Il est également prévu qu'il aille aux Etats-Unis d'ici à la fin de l'année pour rencontrer Barack Obama. De même, il ira au sommet de l'Union africaine l'an prochain, à Addis-Abeba en Ethiopie pour aborder le sujet particulier de la volatilité des cours des matières premières.
Auparavant, il recevra courant décembre à l'Elysée le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn. Concernant la réforme du système monétaire international, le chef de l'Etat s'est réjoui du fait que Hu Jintao accepte d'organiser un séminaire sur le sujet en Chine début 2011. Il devrait être suivi de deux autres, l'un en Europe puis, ensuite, aux Etats-Unis.
Décisions délicates reportées
L'un des tout premiers chantiers que doit mener la présidence française découle directement des discussions qui ont eu lieu à Séoul, vendredi dernier. Les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 sont convenus de la nécessité d'élaborer toute une série d'indicateurs afin d'identifier le caractère équitable ou non des excédents-déficits commerciaux. Leurs ministres des Finances respectifs devront ainsi rendre un rapport sur ce point pour les réunions de printemps du FMI.
« Je suis ambitieux et réaliste », a prévenu Nicolas Sarkozy à Séoul avant de conclure : « Je ne pense pas » qu'en une année, la France pourra « techniquement résoudre tous les sujets ». Pour l'heure, Paris hérite d'une situation complexe puisqu'à Séoul, les décisions délicates ont été reportées dans le temps. Le G20 a promis de « renforcer la coopération multilatérale » afin de « réduire les déséquilibres excessifs » et de « maintenir des déséquilibres des balances des comptes courants à des niveaux soutenables ».
Richard Hiault
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