lundi 8 novembre 2010

Le caoutchouc au plus haut depuis trente ans

Les Echos, no. 20800 - Marchés, lundi, 8 novembre 2010, p. 3

Les pluies diluviennes en Asie vont peser sur la production annuelle du caoutchouc. Le marché sera donc en déficit. Les prix s'envolent ce qui n'est pas sans conséquence sur l'industrie automobile ni sur celle des préservatifs en Occident.

Le caoutchouc est élastique. Au Tocom, le marché à terme des matières premières de Tokyo, le caoutchouc a franchi vendredi matin un plus haut depuis trente ans. Le contrat pour livraison avril 2011 se traitait à 364,8 yens par kilogramme, soit 4.515 dollars la tonne métrique. Sur la semaine, le caoutchouc a gagné 11 %. Depuis le creux de décembre 2008, son cours a été multiplié par quatre.

Si les marchés financiers mettent la gomme sur le latex, c'est que les conditions météorologiques ont été mauvaises dans la zone asiatique d'où provient 95 % de la production mondiale. Les principaux producteurs (Thaïlande, Indonésie, Malaisie) ont été victimes ces derniers mois de cyclones et de pluies torrentielles.

Estimée à 9,5 millions de tonnes, la production de caoutchouc naturel devrait ressortir inférieure à la demande de près d'un million. Cette dernière n'a par ailleurs jamais été aussi forte de la part de la Chine et de l'Inde pour leur production automobile, principal débouché. La Chine devrait procéder à des importations record de 1,7 million de tonnes. De son côté, l'Inde, pourtant quatrième producteur, n'arrive plus à fournir ses propres usines de pneus.

Cette hausse du prix du caoutchouc n'est pas sans conséquence sur l'industrie automobile ni sur celle des préservatifs en Occident. Bridgestone, Michelin et Goodyear ont gonflé leurs prix de 5 à 15 %, tandis que Condomania, un des détaillants de préservatifs américains les plus importants, estime que les prix ont augmenté de 10 à 20 % cette année.

Plantations d'hévéas

Cette situation pourrait pourtant perdurer. Selon les analystes, les prix ne devraient pas baisser prochainement même si l'on prévoit de meilleures récoltes pour l'année prochaine. Selon Jom Jacob, économiste senior à l'Association des pays producteurs de caoutchouc : « Les inquiétudes sur les réserves de caoutchouc vont sans doute continuer jusqu'à la fin 2011, sauf si la demande venait à baisser subitement. » Les prix ne se détendront pas avant 2012.

De nombreuses plantations d'hévéas ont eu lieu en 2005 et il faut patienter cinq ans pour que cet arbre commence à produire.

LAURENCE BOISSEAU

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