dimanche 7 novembre 2010

Ai Weiwei : «Cela va inciter les jeunes à réfléchir»


MISE À JOUR (7 novembre 2010) : En Chine, l'un des architectes du Stade olympique de Pékin, le fameux nid d'oiseau, aurait été placé en résidence surveillée. C'est Ai Weiwei lui-même, un artiste d'avant-garde bien connu, qui a fait cette révélation à la télévision allemande. Ce militant des droits de la personne est un ami du Prix Nobel de la Paix Liu Xiabo emprisonné depuis deux ans pour subversion. Tout comme lui, Weiwei est connu pour certaines prises de position contre le gouvernement chinois.

Libération, no. 9147 - Événement, samedi, 9 octobre 2010, p. 4

Ai Weiwei, 53 ans, est peintre et sculpteur. Il vit à Pékin et a participé à la conception du stade en nid d'hirondelle qui a servi pendant les Jeux olympiques de Pékin, en août 2008.

«Je suis soulagé de constater que la communauté internationale se soucie encore des droits de l'homme en Chine. Ce Nobel de la paix est une nouvelle très importante pour tous ces gens qui, dans le pays, se battent chaque jour pour la démocratie, la justice et les libertés. Ce prix est comme une lueur d'espoir à un moment où les choses sont très difficiles pour beaucoup de personnes qui sont emprisonnées ou qui disparaissent sans laisser de traces. C'est un message de soutien très fort qu'envoie la communauté internationale.

«C'est aussi un message adressé au gouvernement chinois, qui monopolise le pouvoir depuis plus de soixante ans, sans accorder aux citoyens les droits les plus fondamentaux comme des élections libres ou la liberté d'expression. La nouvelle est censurée, mais va se diffuser très rapidement sur Internet et Twitter. Cela va inciter les jeunes Chinois à réfléchir sur la signification des valeurs fondamentales et humaines. Et faire comprendre à beaucoup que le développement économique n'est pas suffisant à lui seul, et qu'une société a besoin de plus de profondeur humaine.






«Le gouvernement de Pékin doit réaliser qu'il a fait une énorme erreur en détenant ce prisonnier de conscience. Mais il lui sera difficile de changer d'avis et de le libérer. Liu Xiaobo n'est pas un intellectuel très original. Il n'a fait que demander les droits politiques de base dont jouissent d'innombrables pays depuis fort longtemps. Il s'est cependant sacrifié, sachant pertinemment qu'il allait être privé de liberté. La Chine ne peut plus avoir une économie développée gérée par un système politique sclérosé. L'heure est venu de changer. La société veut avancer et veut changer, en dépit de ce gouvernement de gens qui refusent d'être rationnels.»

Philippe Grangereau

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