Le Figaro, no. 20615 - Le Figaro, jeudi, 11 novembre 2010, p.
On sait l'importance qu'ont en Chine les codes et les symboles. Et les hommes politiques étrangers mettent parfois les pieds dans le bol. De son voyage à Pékin, Ségolène Royal n'avait pas ramené sa seule « bravitude », que l'on attribuera élégamment à la licence poétique. Elle avait aussi traîné derrière elle quelques railleries sur ses tenues tout de blanc, couleur de deuil dans les campagnes chinoises.
Aujourd'hui, c'est le premier ministre britannique qui aurait commis un lourd impair. David Cameron, qui a rencontré hier à Pékin le président Hu Jintao, portait à sa boutonnière un coquelicot. Une tradition à cette époque de l'année, dans les pays du Commonwealth, pour honorer les soldats tués au combat lors des deux guerres mondiales. Mais, en cet émouvant « poppy », les Chinois ont vu plutôt la fleur de pavot, symbole de l'humiliation des guerres de l'opium perdues au XIXe siècle.
Un membre de la délégation britannique a confié à l'AFP que leurs hôtes avaient officiellement averti qu'il serait à ce titre « indécent » de porter le coquelicot au revers de l'habit. Très crânes, les émissaires d'Albion ont répondu qu'ils ne feraient pas tomber cette fleur si importante à leurs coeurs.
À l'aune de cette joute florale, les différends sur le yuan ou les droits de l'homme font figure de chamailleries de bac à sable.
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