Quelque 300 représentants d'ONG, pour beaucoup américaines, s'étaient déplacés à Genève, vendredi 5 novembre, pour suivre le déroulement de l'Examen périodique universel (EPU) des Etats-Unis devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Ce mécanisme, censé passer au crible tous les quatre ans les manquements en matière de droits humains des 192 Etats membres de l'ONU, n'aura pas épargné Washington, qui a rejoint le Conseil en mai 2009.
Durant trois heures, 87 pays, dont les pires dictatures de la planète, se sont succédé pour adresser leurs critiques et leurs recommandations sur la peine de mort, Guantanamo, la torture en Irak et en Afghanistan, ou encore sur la non-ratification par les Etats-Unis de plusieurs conventions internationale, comme celles sur la discrimination des femmes et le droit des enfants.
La Chine a ainsi demandé que la liberté d'expression et l'accès à Internet ne soient pas restreints au nom de la lutte contre le terrorisme, alors que la Corée du Nord a exigé la fermeture des lieux secrets de détention.
Stoïque, la délégation américaine, composée de 33 personnes et conduite par Michael Posner, le secrétaire d'Etat adjoint américain pour les droits de l'homme, a joué le jeu, estimant que le débat était " salutaire " et que la situation devait être améliorée.
Le conseiller juridique du département d'Etat américain Harold Koh a assuré que la page des exactions commises par l'armée américaine en Irak et en Afghanistan était tournée et que " les Etats-Unis ne pratiquent pas la torture et ne la pratiqueront pas ". Revenant sur la promesse du président Obama de fermer Guantanamo où 174 personnes sont toujours détenues, il a souligné la " complexité de la tâche " qui nécessite l'aide des pays alliés et du Congrès. " Nous voulons fermer ce lieu et nous y travaillons chaque jour ", a-t-il dit.
Si les ONG saluent le fait que la société civile américaine ait été largement consultée pour la préparation de l'EPU, beaucoup regrettent que l'administration du président Barack Obama n'ait pas formulé à Genève d'engagements précis. " Nous avons besoin d'engagements concrets. Par exemple, sur la question de la torture ", estime Katherine Gallagher, avocate au Center for Constitutional Rights (CCR).
C'est également pour poser cette question que Julian Assange, le fondateur du site Internet WikiLeaks qui a mis en ligne quelque 400 000 documents confidentiels de l'armée américaine sur la guerre en Irak, était de passage à Genève. Invité par une ONG peu connue, l'Institut international pour la paix, la justice et les droits de l'homme, une association genevoise dirigée par deux Iraniens de Téhéran, M. Assange a électrisé les médias en apparaissant, jeudi, dans une conférence de presse entre deux gardes du corps, pâle et l'air traqué, puis vendredi lors d'une table ronde.
Il a fait état de pressions du Pentagone et des services secrets américains, et a dénoncé le refus de Washington d'enquêter sur les allégations de tortures et d'assassinats, alors qu'un soldat américain soupçonné d'avoir organisé des fuites vers WikiLeaks risque une peine de 52 ans de prison.
Agathe Duparc (Genève, correspondante)
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