mercredi 17 novembre 2010

L'inflation dérape, Pékin est prêt à contrôler les prix - Gabriel Grésillon

Les Echos, no. 20806 - International, mercredi, 17 novembre 2010, p. 12

La Bourse de Shanghai a connu une nouvelle journée noire, hier, devant la perspective de mesures drastiques de lutte contre l'inflation envisagées par Pékin.

Les autorités chinoises ont manifestement décrété le branle-bas de combat face à l'inflation. Hier, des informations de presse ont secoué la Bourse de Shanghai, qui a chuté de 3,98 %. D'après le « China Securities Journal », Pékin s'apprêterait à mettre en oeuvre des mesures ciblées contre l'envol du cours des denrées alimentaires. Celles-ci incluraient un contrôle des prix, des subventions à la consommation, ainsi qu'un système qui rendrait les maires responsables de l'évolution du prix d'un panier de denrées. Les autorités prévoient également de « punir sévèrement » ceux qui spéculeraient sur le cours du coton et du maïs, selon le journal. Quant à la Bourse des matières premières de Dalian, elle a annoncé lundi qu'elle allait lutter contre les manipulations des cours, emboîtant le pas à d'autres Bourses du pays.

En 2007, lors de la dernière vague d'inflation alimentaire dans le pays, Pékin avait employé les grands moyens pour ramener les cours à la normale, y compris le contrôle des prix. Les analystes s'attendent aujourd'hui à un scénario du même type. Car, derrière la hausse des prix de 4,4 % annoncée pour le mois d'octobre, se cache un envol des prix alimentaires de 10,1 %. Or l'alimentation représente le coeur de la consommation des ménages les plus modestes. Politiquement, les autorités sont donc tenues d'agir. En témoigne le fait que le gouvernement est en train de mettre sur le marché les stocks de porc et de sucre qu'il avait constitués afin d'augmenter l'offre.

Valse des étiquettes

Mais cette fois, contrairement à 2007, il n'y a pas eu de maladie décimant les cheptels de porcs, ni de phénomène climatique majeur expliquant l'essentiel de la hausse des prix alimentaires. Pour Pékin, c'est d'abord l'excès de liquidités dans l'économie qui explique la valse des étiquettes, y compris sur le marché immobilier.

D'où la panoplie de mesures annoncées récemment pour résorber ces liquidités et qui expliquent le changement d'ambiance à la Bourse de Shanghai. La banque centrale a relevé son taux directeur en octobre, pour la première fois depuis 2007, tandis que les réserves obligatoires des banques ont été accrues quatre fois cette année, dont la dernière il y a une semaine. Les banques sont aussi obligées de ne pas dépasser un certain quota de crédits pour 2010, ce qui va pousser quatre d'entre elles à cesser de prêter d'ici à la fin de l'année. La banque centrale éponge également le circuit monétaire au moyen d'émissions de dette à court terme plus volumineuses qu'auparavant.

Le pouvoir chinois cherche à éteindre les incendies les uns après les autres. Hier, après la publication de bons chiffres des investissements directs étrangers, il a également promis d'empêcher les capitaux spéculatifs d'entrer sur le territoire.

Gabriel Grésillon

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