dimanche 21 novembre 2010

Volkswagen investit massivement pour être numéro un mondial

Le Monde - Economie, lundi, 22 novembre 2010, p. 13

Volkswagen veut ravir la place de numéro un mondial à Toyota en 2018 et il y met les moyens. Le leader européen a annoncé vendredi 19 novembre, à l'issue d'un conseil de surveillance, qu'il allait investir 51,6 milliards d'euros d'ici à 2015 (41,3 pour l'immobilier, les usines et les machines et 10,3 millions au développement).

Lors du Mondial de l'automobile, Martin Winterkorn, le président du groupe s'était montré extrêmement confiant. " Nous maintenons notre objectif d'être le premier constructeur automobile en 2018. Si on y arrive avant, tant mieux ", avait-il déclaré. Selon les plans de M. Winterkorn, " Das Auto " devra être produite d'ici à 2018 en 10 millions d'exemplaires par an. En 2010, le constructeur devrait, malgré les difficultés du marché européen, dépasser les 6,3 millions de véhicules vendus l'an dernier.

Le groupe peut en effet compter sur ses positions en Chine. Premier constructeur automobile sur ce marché, la Chine est aussi le premier marché de Volkswagen. Sur les neufs premiers mois, il a vendu 1,5 million d'unités sur un total de 5,4 millions. Ses deux coentreprises chinoises investiront 10,6 milliards d'euros, afin d'augmenter les capacités des usines à trois millions (contre deux actuellement) d'ici 2014. L'ouverture d'une onzième usine est prévue pour 2013.

Mais pour gagner la première marche du podium, le groupe aux douze marques (Volkswagen, Porsche, Audi, Lamborghini...) n'exclut pas d'autres cibles. " Treize, c'est mon chiffre porte-bonheur ", avait-il ironisé lors d'une soirée en marge du Salon de l'automobile. Il s'était même porté candidat au rachat d'Alfa Roméo alors que son propriétaire, Fiat, n'est pas vendeur !

Bien que rendu possible par les bénéfices gigantesques enregistrés par le constructeur sur les marchés asiatiques et surtout en Chine, l'investissement profitera dans sa majeure partie à l'Allemagne. Volkswagen réaffirme ainsi son attachement à son pays d'origine, qui, malgré des coûts du travail élevés, devrait continuer à produire le plus gros des véhicules du groupe.

Modernisation

De fait, plus de la moitié (57 %) des 41,3 milliards d'euros dédiés à la modernisation de l'outil de production ira aux usines allemandes, ainsi que la plus grosse part des 10,3 milliards d'euros destinés au développement de nouveaux modèles. Ceux-ci doivent rattraper le retard de Volkswagen par rapport à ses concurrents en matière de moteurs hybrides et électriques. Le reste sera investi à l'étranger, en Chine bien sûr, mais aussi en Amérique du nord et du sud et en Russie, où le groupe poursuit son plan de construction d'usines.

" Cette priorité donnée à l'Allemagne est risquée à mon sens étant donné les perspectives de croissance qui se situent surtout dans les marchés émergents, juge Ferdinand Duddenhoffer, directeur du centre automobile de l'université de Duisburg-Essen. Mais elle reflète la structure du groupe, détenu à 20 % par le Land de Basse-Saxe et aussi la puissance des syndicats. " Cette organisation, qui a longtemps valu au groupe la réputation d'être ingouvernable, peut-elle lui être préjudiciable dans son ambition de conduire en tête ? " Les exemples de GM et de Toyota montrent qu'une ambition de croissance trop rapide par rapport à la structure d'un groupe peut conduire à des erreurs, poursuit M. Duddenhoffer. Tout le défi de VW consiste à maintenir des circuits de décision étroits, malgré le nombre important de ses marques. "

Cécile Boutelet à Berlin et Nathalie Brafman

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