Depuis la Chine, le secrétaire général revendique ses « réflexes d'impertinence » envers Sarkozy, « candidat naturel » pour 2012.
Désormais, le soleil ne se couche plus sur Génération France! Jean-François Copé l'a dit sur le mode de l'autodérision, mais il n'était pas peu fier, samedi à Pékin, de célébrer l'ouverture de l'antenne chinoise de son club. Tout en tenant un bureau politique de l'UMP locale, pour démontrer sa volonté de forcer les caciques du parti à travailler avec les think-tanks.
Peut-être parce que le nouveau secrétaire général s'adressait à un parterre de représentants du gratin financier et industriel français et d'étudiants en économie, il a usé et abusé de la métaphore entrepreneuriale pour décrire la révolution culturelle qu'il entend mener rue La Boétie. Exit le « top down », place au « bottom up »! En français, les directives ne doivent plus tomber d'en haut, mais la base est invitée à prendre des initiatives : les militants, qui « ne demandent qu'à bosser », mais aussi les « déçus » de la gauche, auxquels Jean-François Copé prédit encore des déconvenues, par exemple « une décote immédiate de 20 points dans les sondages » de Dominique Strauss-Kahn le jour où le patron du FMI annoncera sa candidature à la présidentielle, s'il se décide.
Copé veut « réorganiser complètement » cette UMP qui fait du « franchouillard » parce qu'elle « fonctionne en circuit fermé ». En finir avec ces « multitudes de petits chefs qui ne savent pas vraiment pourquoi ils sont là », faire « un casting très large » pour remettre en marche des « fonctions vitales » comme la formation qui « n'existe plus depuis des années ». Le tout en faisant des « économies de budget ».
Son problème n'est pas d'atteindre les 500 000 militants en 2012 que s'était fixés son prédécesseur Xavier Bertrand - d'ailleurs, il n'a « toujours pas compris comment on compte les adhérents dans ce parti » qui en revendique 240 000 - mais « d'ouvrir les portes et les fenêtres ». D'où, aussi, la création d'un « conseil des clubs », qui ne « seront plus un sujet tabou au bureau politique » et qui recevront des « commandes » de réflexions et de propositions. Le calendrier de Copé devrait permettre à l'UMP « d'occuper toute l'année 2011 avec des débats de fond, pendant que la gauche se déchirera dans les querelles intestines ».
La conférence de presse que le nouveau patron de l'UMP a donnée à l'Institut des affaires étrangères, à Pékin, lui a aussi permis de préciser ses relations avec Nicolas Sarkozy. Pour lui, le chef de l'État est « le candidat naturel » de la majorité. Copé est même « contre des primaires », procédure que le chef de l'État a pourtant souhaité s'appliquer. Il fera preuve d'une « loyauté totale » vis-à-vis du président, en contrepartie d'une « liberté totale de débat » au sein de l'UMP. Il entend ainsi cultiver « des réflexes d'impertinence ». À l'intérieur du parti, « celui qui est en désaccord » avec la ligne dominante doit « pouvoir l'exprimer aussi fort que celui qui est d'accord ». Désormais, « on parlera vraiment politique au bureau politique, comme dans tous les grands partis », et « toutes les décisions seront prises non pas par un seul homme mais en bureau politique ». Bref, l'UMP aura un « gouvernement » et un « parlement », son conseil national, que Jean-Pierre Raffarin, mentor de Jean-François Copé en Chine comme à Paris, va se charger de réorganiser avec des commissions thématiques.
Inspiré par les « auteurs chinois »
Pour crédibiliser sa stratégie d'ouverture, il doit récupérer tous les déçus du remaniement. Copé s'emploie à apaiser Gérard Longuet, le président du groupe UMP du Sénat, qui, furieux de ne pas avoir été nommé ministre, lui a réclamé l'organisation d'un congrès pour faire vivre la sensibilité libérale et en particulier les Réformateurs. Il tente aussi ces jours-ci de convaincre Jean-Louis Borloo de revenir sur sa décision de quitter la vice-présidence du conseil national et l'UMP par la même occasion, sans se faire beaucoup d'illusions sur ses chances de réussite. À défaut de réconcilier l'ex-ministre de l'Écologie avec l'UMP, il compte conclure avec lui un « gentleman agreement » au nom de leur vieille amitié.
Lors de la conférence à l'Institut des affaires étrangères, un jeune journaliste chinois lui a demandé s'il n'anticipait pas un peu trop les échéances en se préparant dès maintenant pour la présidentielle de 2017. Il a eu beau jeu de lui répondre que dans son pays, les dirigeants étaient choisis « quatre ans à l'avance, ce qui leur permet de se préparer à la fonction ».
Pas découragé, un autre représentant de la presse pékinoise a demandé à Copé s'il considérait le poste de premier ministre comme une étape vers celui de président. « Ce n'est pas le lieu pour en parler, a esquivé le patron de l'UMP. Je m'inspire de la sagesse des auteurs chinois, je crois au respect du temps. »
© 2010 Le Figaro. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire