Le groupe français a signé, hier à Pékin, un accord de partenariat que la Bourse de Paris a salué avec enthousiasme. Reste pourtant à convertir le principe d'une collaboration en véritables contrats.
La Bourse de Paris a salué avec enthousiasme, hier, l'annonce par Alstom de la signature d'un « accord de coopération stratégique à long terme » avec le ministère chinois des Transports ferroviaires. Le titre Alstom a bondi de plus de 4 % en matinée, pour terminer en progression de 4,51 %, à 34,085 euros, les investisseurs se réjouissant de voir le champion tricolore reprendre pied sur le premier marché ferroviaire au monde.
Le texte repose sur deux piliers. Le premier consiste en un engagement des deux partenaires à « rapidement développer leur collaboration dans de nombreux domaines clefs du transport ferroviaire ». Sont potentiellement concernés le matériel roulant, qu'il s'agisse des locomotives, de la grande vitesse ou des trains intercités, mais également la signalisation, un domaine où Alstom est « un peu moins actif en Chine qu'ailleurs », reconnaît Patrick Kron, le PDG d'Alstom, venu à Pékin pour l'occasion. L'autre pilier repose sur l'ouverture de voies de collaboration entre le groupe français et des partenaires locaux afin de faire des offres conjointes sur des marchés tiers.
Le texte ne mentionne toutefois, à ce stade, aucun projet précis. Et lorsqu'on l'interroge sur les objectifs que son groupe a en tête, Patrick Kron reste évasif préférant « se donner trois mois pour travailler ensemble sur les deux chantiers qu'ouvre le partenariat » afin d'aboutir rapidement à des propositions concrètes. Mais il se réjouit du fait que l'accord « témoigne de la reconnaissance par le ministère du fait que nous sommes un acteur respectable et qu'il nous fait confiance ».
De fait, c'est peut-être là que réside la bonne nouvelle. Contrairement à la branche énergie du groupe, qui avait opté pour les transferts de technologie, Alstom Transport a préféré renoncer à vendre à la Chine certains de ses produits, son président, Philippe Mellier, allant jusqu'à critiquer ouvertement l'attitude du pays. Sans que cela soit officiellement reconnu, il s'en est suivi une période délicate pour l'entreprise tricolore. Pendant que Siemens et Bombardier vendaient leurs TGV en Chine, le groupe français restait à la traîne. Or celui-ci ne pouvait simplement pas se permettre de rester en marge d'un marché où se construisent « de 7.000 à 8.000 véhicules roulants chaque année », selon Dominique Pouliquen, qui dirige les opérations d'Alstom en Chine.
Un savoir-faire avancé
Le ton a donc changé : Patrick Kron et Dominique Pouliquen estiment que « la question des transferts de technologie est dépassée » car les Chinois disposent désormais d'un savoir-faire avancé, notamment dans la grande vitesse. « Il ne s'agit plus de transférer des savoir-faire, mais de collaborer ensemble, dans une relation équilibrée, sur des projets intelligents, et par exemple de concevoir ensemble certains produits », a tranché le PDG.
Il est vrai que la Chine est désormais le plus grand pays au monde dans le transport ferroviaire, comme en a témoigné l'annonce, la semaine dernière, d'un nouveau record du monde de vitesse pour une rame non modifiée, à 486 km/h. Le canadien Bombardier a d'ailleurs annoncé, hier, la signature d'un texte largement similaire à celui présenté par Alstom. Et tout aussi flou.
GABRIEL GRÉSILLON
Un marché sans équivalent
L'Etat chinois prévoit d'investir 300 milliards de yuans d'ici à deux ans pour l'achat de matériel roulant. Il y a actuellement 86.000 km de lignes dans le pays. L'objectif est d'en avoir 120.000 dans dix ans, dont 50.000 dédiées à la très grande vitesse. Plus de 10.000 km de lignes de grande vitesse et très grande vitesse sont en construction. En 2012, le pays comptera 13.000 km de lignes pour le transport passager, dont 8.000 dédiées à la très grande vitesse.
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