Il s'échange chaque jour dans le monde l'équivalent de 400 millions de dollars en yuans.
C'est la nouvelle coqueluche des marchés. Le yuan s'arrache dans le monde. Après avoir lancé, au cours de l'été dernier, un programme visant à permettre aux entreprises chinoises d'exporter et d'importer en yuans, Pékin, qui a également autorisé les banques étrangères à investir sur son marché obligataire, affichait fin 2009 un maigre bilan : seulement 527 millions de dollars d'opérations commerciales avaient été libellés en monnaie locale au bout de six mois.
Mais, depuis, l'attrait pour le yuan, qui reste sous l'étroit contrôle du gouvernement, a littéralement explosé. Au premier semestre, le volume du commerce extérieur chinois effectué dans cette monnaie a atteint 10,3 milliards de dollars. Chaque jour, 400 millions de dollars sont échangés en yuans sur les 4 000 milliards de dollars de transactions quotidiennes enregistrées dans le monde. En 2015, les échanges dans cette monnaie pourraient atteindre 3 000 milliards de dollars par an, selon la Banque de la construction chinoise.
« C'est un changement majeur dans le paysage de la finance internationale », prédit Norman Chan, patron de la Banque centrale de Hongkong. McDonald's et Caterpillar ont été les premières entreprises étrangères non financières à émettre des obligations en yuans, marquant selon Standard Chartered « le début d'une nouvelle source de financement pour les groupes internationaux qui veulent lever des capitaux pour leurs opérations en Chine ».
Payer les matières premières
Ce matin, le yuan sera, pour la première fois de son histoire, échangeable sur le marché des changes à Moscou. Un juste retour des choses puisque le rouble l'avait été sur le marché chinois fin novembre. L'opération n'est pas innocente. La Chine, qui cherche des matières premières partout dans le monde, va pouvoir les payer dans sa propre monnaie en même temps qu'elle fournira à la Russie des biens et des services facturés en yuans. Et Pékin compte bien réitérer l'expérience en Afrique, en Amérique latine et dans tous les pays riches en pétrole et en gaz.
En internationalisant progressivement leur monnaie, les Chinois stimulent les échanges avec les pays qui les intéressent le plus et cherchent à attirer des investisseurs sur leur marché obligataire. Selon certains analystes, entre 20 % et 30 % de leurs importations (130,4 milliards de dollars en novembre) pourraient être réalisées en yuans dans les prochaines années.
Mais le président russe Dmitri Medvedev ne s'y trompe pas, c'est aussi un moyen de « contrebalancer le poids du dollar et de l'euro ». La deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis n'est « pas encore à sa place sur le marché des changes », juge un banquier de Hongkong. Elle veut peser sur la réforme du système monétaire qui se prépare dans le cadre du G20 et doit laisser, selon le président, Nicolas Sarkozy, un rôle « éminent mais pas exclusif » au billet vert.
En attendant, cette convertibilité limitée du yuan permet à Pékin de tâter le terrain de ses voisins sans remettre en question son contrôle du développement économique du pays.
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