mercredi 22 décembre 2010

L'appel du kangourou : ces jeunes Français qui partent en Australie

L'Express, no. 3103 - société TENDANCE, mercredi, 22 décembre 2010, p. 42

Il n'y a pas que le Canada ! Près de 20 000 jeunes Français partent chaque année en Australie chercher un job et l'aventure. Grâce à un visa spécial.

Un dimanche au Café Oz, à Paris. Des centaines de jeunes, loin de la trentaine pour la plupart, scrutent discrètement les badges nominatifs de leurs voisins. La bière délie les langues. Certains prennent fébrilement des notes. On se croirait à un rendez-vous de "speed dating" sans jolies filles ni baratin survolté. Ici, on ne cause pas d'apéros avec possible liaison à la clef, mais d'Australie. Le pays des kangourous et des grands espaces est devenu en quelques années le nouvel eldorado des jeunes Français. Depuis la création en 2003 du Working Holiday Visa (WHV), qui permet aux 18-30 ans de différents pays de sillonner l'île-continent tout en vivant de petits boulots, le nombre des volontaires à l'exil temporaire ne cesse de croître. 6 125 visas ont été délivrés en 2005 dans l'Hexagone, contre 11 005 en 2007, pour atteindre 18 172 en 2009. "C'est l'une des plus fortes progressions enregistrées en Europe, essentiellement grâce au bouche-à-oreille", précise l'ambassadeur d'Australie en France, David Ritchie. D'autres pays comme le Japon, la Nouvelle-Zélande ou le Canada délivrent ce fameux visa vacances-travail. Mais, contrairement à l'Australie, ces derniers ont instauré des quotas pour limiter le nombre de candidats.

Devant un tel succès, Christian Bollaert a eu l'idée d'organiser des journées G'days (1) pour "Good day", le "bonjour" australien, au Café Oz. Ceux qui reviennent d'Australie (étiquettes orange) sont invités à partager leur expérience, transmettre leurs bons plans et leurs conseils aux candidats au départ (étiquettes blanches). Business is business : des représentants de compagnies aériennes, d'agences d'assurances, ou des organisateurs de circuits touristiques sont aussi fréquemment de la party.

"Quitte à galérer, autant être en tongs"

Mer, plage, soleil, sites naturels, croissance insolente, taux de chômage dérisoire... le pays d'Oz a tout pour plaire. "Le plus gros investissement est le billet d'avion, explique Cédric devant une poignée de candidats globe-trotteurs. Sur place, c'est le règne de la débrouille. Beaucoup achètent un van pour sillonner le pays et le revendent en fin de séjour. La colocation, le covoiturage sont également des solutions très pratiquées." Ophélie et Alexandre, fans de plongée, prévoient de se jeter dans les vagues de l'océan Pacifique dès février prochain. Pas de boulot, pas d'enfants. Pour ce couple, "c'est le moment où jamais". Lorsque la crise a commencé, les organisateurs des G'days ont pensé que le phénomène allait se dégonfler. Or c'est exactement le contraire qui s'est produit. "Les jeunes qui peinent à entrer sur le marché du travail se disent que, quitte à galérer, autant être en tongs et maillot de bain", explique Christian Bollaert. Confirmation de Virginie, titulaire d'un MBA en stratégie consulting : "Voilà plusieurs mois que j'envoie des CV pour rien. L'Australie sera une expérience en plus, et je vais pouvoir perfectionner mon anglais."

Partir pour mieux revenir... ou pas. Accoudé au bar, Gregory, ingénieur, espère bien trouver, là-bas, un poste longue durée dans l'informatique. Même si ce n'est pas le but premier du WHV, valable seulement un an, mais renouvelable si l'on a travaillé au moins trois mois dans des secteurs où le manque de main-d'oeuvre est le plus criant, tel le "fruit picking" (récolte de fruits). Le titre magique s'obtient en quelques clics sur Internet. "Ça ne m'a pris que vingt minutes chrono", assure Grégory. Une bagatelle, comparé aux vingt-deux heures d'avion qui vous attendent...

Amandine Hirou

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1 commentaires:

Anonyme a dit…

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Visa pour l'Australie