Au lendemain de la décision de l'Organisation mondiale du commerce approuvant les droits de douane américains sur les pneus chinois, Pékin a annoncé son intention de faire appel sur fond de tensions persistantes.
Les tensions entre Pékin et Washington ne sont pas près de se dissiper. Alors que la 21e commission mixte paritaire américano-chinoise sur le commerce a démarré hier ses travaux à Washington, Pékin a annoncé sa décision de faire appel de la décision de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a donné raison, lundi, à Washington sur les importations de pneus chinois.Si Washington y voit une « victoire majeure pour les Etats-Unis », Pékin persiste à y déceler surtout « une mesure protectionniste visant à rejeter sur d'autres des pressions politiques internes ». Cette passe d'armes intervient au moment où plusieurs sénateurs américains militent encore, sans trop d'espoir, pour inclure une loi punitive anti-dumping visant les exportations chinoises, déjà adoptée par la Chambre fin décembre, dans le compromis fiscal qui doit être voté par le Congrès d'ici à la fin décembre.
« La Chine s'inquiète beaucoup des conséquences négatives de cette décision et va examiner en détail le rapport des experts de l'OMC en faisant appel au moment opportun afin de préserver les intérêts légitimes de l'industrie chinoise », a souligné le ministre du Commerce chinois. Pékin souligne que les importations américaines des catégories de pneus visés ont progressé de 21 % tandis que les prix à l'importation ont grimpé de 30 %. En septembre 2009, Barack Obama a signé un décret imposant des droits de douane de 35 % (30 %, la deuxième année et 25 % la troisième) sur les importations de pneus chinois, dont le niveau massif aurait provoqué la perte de 5.000 emplois selon certaines estimations. Selon Washington,les importations de pneus chinois ont plus que triplé en quatre ans pour atteindre 1,8 milliard de dollars, tandis que la production américaine a fondu de 25 % sur la même période.
Ce n'est pas la première fois que l'OMC donne raison à Washington. Déjà le 22 octobre, elle avait partiellement rejeté les accusations de Pékin sur des mesures « anti-dumping » imposées par les Etats-Unis à des importations chinoises de tuyaux en acier, pneus et sacs en tissu plastifié, dans un jugement mixte du 22 octobre. Mais l'OMC avait aussi indiqué que les Etats-Unis avaient agi de façon contraire aux règles du commerce international sur 5 des 17 points listés dans les conclusions par l'organisation basée à Genève. Selon le règlement de l'OMC, Pékin dispose de 60 jours pour faire appel de son jugement.
La Chine est devenue en 2010 le pays le plus contesté à l'OMC. Sur les 12 plaintes déposées depuis janvier auprès de l'Organe de règlement des différends de l'OMC, 4 impliquent la Chine, dont 3 l'accusent notamment de pratiquer des droits de douane prohibitifs restreignant l'accès à son marché aux exportateurs mondiaux. De son côté, Pékin a déposé 5 plaintes à l'encontre des Etats-Unis. Le 29 septembre, l'OMC a donné raison à la Chine en condamnant une loi américaine limitant les exportations de volailles chinoises.
Même si les tensions sur le yuan se sont un peu apaisées, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, doit encore publier son rapport sur les taux de change en se réservant de qualifier Pékin de « manipulateur de devises ».
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