En novembre, l'inflation a atteint 5,1 %, son plus haut niveau depuis deux ans et demi. La banque centrale rechigne à relever les taux d'intérêt ou à accélérer l'appréciation du yuan.
La Chine n'apprécie rien tant que la stabilité. Après des mois d'assouplissement monétaire post-crise, Pékin resserre semaine après semaine les vannes du crédit, sans jamais freiner des quatre fers. L'arme absolue de cette prudente politique est le niveau des réserves obligatoires imposé aux banques. Il limite le crédit en forçant les établissements bancaires à conserver à la banque centrale une partie de leurs deniers.
La Banque populaire de Chine (PBOC), banque centrale, a ainsi annoncé vendredi la sixième hausse de ce niveau des réserves obligatoires, à 18,5 %, à compter du 20 décembre. Hier, six grandes banques chinoises se sont vu prolonger de trois mois une hausse sélective de ce ratio, devenu l'un des plus élevés du monde. La décision de Pékin pourrait geler près de 60 milliards d'euros, soit l'équivalent d'un mois de crédit en Chine.
En novembre, les banques chinoises ont prêté 64 milliards d'euros, faisant grimper le montant total des crédits accordés depuis le début de l'année à 841 milliards d'euros, quand Pékin avait fixé un plafond de 848 milliards pour l'ensemble de 2010. Les liquidités continuent donc d'inonder l'économie chinoise. La masse monétaire a progressé de 19,5 % en novembre, par rapport à la même période l'an dernier, quand l'objectif du parti pour l'ensemble de l'année ne devait pas dépasser 17 %. L'abondance des liquidités, principale cause de l'inflation, est regardée de près par Pékin. La lutte contre la hausse des prix est devenue la priorité officielle du gouvernement central, entérinée ce week-end lors de la réunion annuelle décidant des grandes orientations de la politique économique du pays. Réuni sous l'égide du chef de l'État Hu Jintao, le Politburo a conclu qu'il fallait « donner plus d'importance à la stabilisation des prix ».
Ce ne sont pas les chiffres du Bureau national des statistiques (BNS) qui viendront réconforter les membres du gouvernement. En novembre, l'inflation a atteint 5,1 % en glissement annuel, selon les chiffres du BNS. Son plus haut niveau en deux ans et demi.
Marchés rassurés
La banque centrale ne veut pas semer la panique et s'efforce de doser savamment mesures anti-inflation et maintien de la croissance. Un cocktail qui rassure pour le moment les marchés, à commencer par les investisseurs chinois. L'indice composite de Shanghaï terminait en hausse hier soir à + 2,9 %. Mais l'exercice pourrait rapidement virer à l'équilibrisme. Le maniement des réserves obligatoires peut contenir l'inflation, mais retarde le rééquilibrage de la croissance vers plus de demande intérieure, également voulu par le pouvoir. Une volonté encore exprimée lors de la réunion de ce week-end.
Il reste deux options à la disposition de Pékin : le relèvement des taux d'intérêt et l'appréciation du yuan. Deux instruments que le gouvernement central rechigne à utiliser pour éviter l'afflux de capitaux spéculatifs d'une part et la mise sous pression des industries exportatrices d'autre part. Le Parti n'a pas fini de résoudre ses dilemmes.
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