Dans un communiqué virulent, le Saint-Siège élève la voix contre le gouvernement de Pékin, coupable d'atteintes graves à la liberté religieuse.
Le Saint-Siège ne laissera rien passer. Après la publication, la veille à Rome, du vigoureux message de Benoît XVI sur la liberté religieuse dans le monde, la Salle de presse a publié vendredi un communiqué aux termes très vifs, dénonçant le sort fait aux catholiques de Chine. Après l'élection le 8 décembre, lors de scrutins qui n'avaient rien de secret - le vote était à main levée - ni d'ouvert - les élus étaient les seuls candidats en lice -, des nouveaux responsables de la conférence épiscopale officielle et de l'Association patriotique (lire La Croix des 9 et 13 décembre), Rome manifeste son courroux, rompant ainsi avec une bonne volonté affichée depuis plusieurs années, notamment par la publication, en 2007 par Benoît XVI, de sa lettre aux catholiques de Chine.
« Le désir persistant de contrôler les secteurs les plus intimes de la vie des citoyens, notamment leur conscience, et d'interférer dans le fonctionnement de l'Église catholique (...) est un signe de crainte et de faiblesse plus que de force ; d'intolérance intransigeante plus que d'ouverture à la liberté et au respect effectif de la dignité humaine, comme d'une distinction correcte entre les domaines civils et religieux », affirme d'emblée le communiqué. Il avertit les clercs et les laïcs qui étaient présents à cette assemblée, en dépit de l'interdiction formelle de Rome : « Chacun doit savoir qu'il en est responsable devant Dieu et devant l'Église. »
À l'inverse, le Saint-Siège « manifeste sa profonde estime » envers les absents « qui ont porté le témoignage de leur foi avec courage ». S'adressant directement aux catholiques clandestins « qui se demandent comment il a été possible que leurs évêques et leurs prêtres participent à cette assemblée », le Saint-Siège leur demande « de rester constants et patients dans leur foi ». Très clairement, le commu ni qué explique : « L'actuelle conférence des évêques de Chine ne peut pas être reconnue par le siège apostolique : les évêques "clandestins" non reconnus par le gouvernement mais en communion avec le pape n'en font pas partie. Mais en sont membres des évêques encore illégitimes. Et ses statuts contiennent des éléments incompatibles avec la doctrine catholique. »
Soulignant qu'il est « lamentable » qu'un évêque illégitime ait été nommé président de l'Association patriotique, le communiqué rappelle que les principes chinois d'autonomie, d'indépendance, d'autogestion et d'administration démocratique, qui gouvernent l'Église en Chine, sont « incompatibles avec la foi de l'Église catholique », « une, sainte, catholique et apostolique ». « Tel n'est pas le chemin que devrait suivre l'Église d'une grande et noble nation qui attire l'attention de l'opinion mondiale par ses grandes réalisations (...) mais qui peine encore à accéder aux demandes élémentaires en matière de liberté de religion, alors même que sa Constitution appelle à la respecter », juge Rome.
Selon l'agence Églises d'Asie, les scores obtenus par les nouveaux dirigeants catholiques n'ont laissé aucun doute sur la préparation en amont du scrutin : Mgr Joseph Ma Yinglin, 45 ans, évêque illégitime du diocèse de Kunming (Yunnan), a été élu président de la Conférence épiscopale par 312 voix et une abstention ; Mgr Johan Fang Xingyao, 57 ans, évêque du diocèse de Linyi (Shandong), a été élu président de l'Association patriotique par 310 voix et trois abstentions. Alors que les catholiques chinois espéraient que, au moins pour la Conférence épiscopale, Pékin choisirait un évêque reconnu par Rome, les derniers choix opérés montrent au contraire la volonté du régime de conserver son monopole administratif sur l'Église. « Il deviendra extrêmement difficile pour les évêques légitimes d'éviter de concélébrer des offices aux côtés des prélats non reconnus par le Saint-Siège », souligne Églises d'Asie.
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