Au lendemain de l'arrivée du président Hu Jintao, la Maison-Blanche a annoncé 45 milliards de dollars de grands contrats sans renoncer à ses revendications sur le front monétaire.
Rien de tel qu'une moisson de grands contrats dans l'aéronautique et l'énergie pour apaiser les contentieux. Au deuxième jour de la visite du président Hu Jintao, qui devait se poursuivre hier soir par un dîner d'Etat en grande pompe à la Maison-Blanche, Washington a annoncé hier une série d'accords commerciaux d'un montant global de 45 milliards de dollars. Pour le président américain Barack Obama, - qui a convié hier un aréopage de grands patrons américains (GE, Cargill, Goldman Sachs, Microsoft...) en vue de dialoguer avec le président chinois à la Maison-Blanche -, c'est une manière de relancer la coopération bilatérale avec Pékin sur le terrain économique, sans occulter les points de friction sur la sous-évaluation du yuan et les droits de l'homme. Mais certains diplomates et élus jugent l'attitude de l'administration démocrate trop conciliante.
« Nous ne cherchons pas à contenir l'essor de la Chine, mais à l'encourager dans le respect des règles internationales [...] Pour nous, c'est une énorme opportunité économique. Nous voulons vous vendre des avions, des automobiles et des logiciels», a lancé Barack Obama dans le cadre d'une conférence conjointe à la Maison-Blanche. Il a aussi souligné la nécessité d'un ajustement ultérieur du taux de change du yuan, qui reste « sous évalué ». Mais le président chinois s'est abstenu de tout commentaire sur le sujet. Pour nombre d'experts, c'est la plus importante visite d'un dirigeant chinois depuis l'ouverture du dialogue bilatéral par Deng Xiaoping il y a trente ans. Pour faire oublier les « couacs » de la précédente rencontre entre George W. Bush et Hu Jintao en 2006, où l'hymne national chinois avait été confondu avec celui de Taiwan, Barack Obama a tenu à offrir à son homologue un dîner d'Etat, le premier depuis douze ans avec un dirigeant chinois, outre une rencontre avec des hommes d'affaires et chefs d'entreprise des deux pays à la Maison-Blanche.
Commande de 200 Boeing
« L'histoire montre que les sociétés sont plus harmonieuses et les nations plus prospères lorsque les droits et les responsabilités de toutes les nations et les peuples sont respectés, y compris les droits universels de chaque être humain », a, toutefois, tenu à souligner Barack Obama dans ses remarques préliminaires. Une manière d'évoquer le respect des droits de l'homme. De son côté, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a appelé de ses voeux un renforcement de la coopération avec la Chine vis-à-vis de la Corée du Nord et de son « comportement provocateur » sur le dossier nucléaireet aussi en matière de sanctions contre l'Iran. Malgré les résistances chinoises, Barack Obama n'a pas occulté le différend sur les taux de change, tout en ajoutant que celui-ci ne représente qu'« une partie du problème ».
En guise de signal d'apaisement, la Maison-Blanche a annoncé hier une série d'accords bilatéraux susceptibles de préserver quelque 235.000 emplois aux Etats-Unis. Au total, cet ensemble d'accords représentent 45 milliards de dollars d'exportations, y compris l'approbation finale d'une commande de 200 Boeing pour 19 milliards de dollars, dont la livraison est prévue d'ici à 2013.
Malgré cette manne commerciale, trois des principaux leaders du Congrès, dont le speaker républicain John Boehner et le sénateur démocrate Harry Reid, ont décidé de « boycotter » le dîner d'Etat à la Maison-Blanche.
Pierre de Gasquet
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