Les droits de l'homme ont été évoqués lors de la conférence de presse commune.
Hier, la Chine et l'Amérique étaient face à face à Washington. Barack Obama recevait en grande pompe son homologue chinois, Hu Jintao, pour une rencontre destinée à redéfinir une relation sino-américaine, dont toute la planète s'accorde à reconnaître l'importance cruciale. Trente ans après le passage de Deng Xiaoping, qui avait jeté les bases d'une coopération entre les États-Unis et la Chine communiste, le président Obama a déroulé le tapis rouge pour son hôte chinois, afin de montrer l'importance qu'il accorde à ce dialogue avec le géant émergent du continent asiatique. « Nous avons aujourd'hui l'opportunité de définir cette relation pour les trente ans à venir », a-t-il lancé lors d'une cérémonie d'accueil évoquant la nécessité de coopérer, avant d'entraîner Hu vers le Bureau ovale pour une série d'entretiens suivis d'une rencontre avec des dirigeants d'entreprises américains et chinois. De la Corée du Nord à l'Iran, en passant par la relation économique, de nombreux sujets ont été abordés.
En deux ans de présidence Obama, seuls deux hôtes, le premier ministre indien et le président mexicain, avaient déjà reçu tous les honneurs du protocole d'une visite d'État, avec tapis rouge et grand dîner de gala à la Maison-Blanche. Hu Jintao est le troisième. Derrière l'intérêt manifeste de l'Administration américaine, se profile le casse-tête que représente pour la superpuissance américaine l'émergence de la puissance chinoise : d'un côté un marché attrayant, dont l'Amérique en mal d'emplois veut profiter. De l'autre un acteur aux intentions stratégiques et militaires incertaines et au régime politique répressif, dont le comportement international suscite des inquiétudes chez les partenaires asiatiques des États-Unis.
« Désaccords »
Ce dilemme était d'ailleurs palpable hier dans la manière dont le président Obama a navigué, en bon équilibriste, durant sa conférence de presse conjointe avec le président Hu. « Nous sommes en faveur de la montée en puissance de la Chine. Nous voulons juste être certains que cette poussée favorisera... la paix... et le respect des règles internationales », a dit le maître de la Maison-Blanche. Alors que la question avait été largement éludée lors du voyage chinois d'Obama, le thème sensible des droits de l'homme s'est invité en bonne place pendant la conférence, le chef de l'État américain évoquant de manière franche les « désaccords » avec Pékin en ce domaine. Obama a même mentionné le Tibet, appelant à un dialogue avec le dalaï-lama. Même si le sujet a été discuté en bilatéral, il n'a en revanche pas prononcé publiquement le nom du dissident Liu Xiaobo, nouveau Prix Nobel de la paix, qui reste incarcéré. Hu n'a pas immédiatement répondu, invoquant « un problème de traduction ». Il a ensuite reconnu que « beaucoup reste à faire en matière de droits de l'homme » et que la Chine avait « à apprendre » des autres pays. Une tirade inhabituelle, selon les experts, même si le dirigeant chinois a ensuite tenu un discours plus rôdé sur la nécessité de « respecter les circonstances nationales ». En réalité, Hu semblait savourer l'attention dont son pays faisait l'objet. « Pendant cette visite, les Chinois rechercheront des symboles et les Américains la substance », avait prévenu un journaliste de CNN.
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