jeudi 13 janvier 2011

Le contentieux des Etats-Unis avec la Chine s'aggrave - Virginie Robert


Les Echos, no. 20847 - International, jeudi, 13 janvier 2011, p. 7

Alors que le président Hu Jintao sera à Washington la semaine prochaine, les Américains font monter la pression en élargissant la liste de leurs griefs.

L'Amérique est prête à en découdre avec la Chine alors que le président Hu Jintao s'apprête à venir pour une nouvelle visite d'Etat la semaine prochaine, à Washington. Cela passe par la voie officielle - un discours offensif du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, hier -et sur le terrain. La Banque d'import-export américaine a en effet décidé, au mépris des règles de l'OCDE, d'offrir à General Electric des conditions de financement qui lui permettent de se calquer sur une offre chinoise très favorable alors qu'un contrat de 150 locomotives est en jeu au Pakistan. Ce genre d'affrontement risque de se multiplier.

Une partie de l'enjeu, a en effet rappelé hier Tim Geithner à la Johns Hopkins School of Advanced International Studies, est « d'équilibrer le jeu pour les entreprises américaines qui sont en concurrence avec les sociétés chinoises en Chine, aux Etats-Unis et dans le reste du monde. » Un autre est d'encourager la transition de la Chine vers une économie où la demande intérieure sera plus forte et réduira sa dépendance par rapport aux exportations.

Accélérer le mouvement

Cela passe aussi, bien entendu, par une réévaluation du yuan. La monnaie chinoise s'est appréciée de 3 % depuis juin 2010 et d'environ 5 % si l'on prend en compte l'inflation. Les Chinois viennent tout juste d'autoriser le négoce du yuan aux Etats-Unis, un signe que la Banque de Chine se prépare pour le jour où sa monnaie sera convertible. Mais il faut accélérer le mouvement, estime Tim Geithner. « Si la Chine ne permet pas à sa monnaie de s'apprécier plus rapidement, elle risque de voir son inflation s'accélérer et risque une hausse des prix des actifs, autant de menaces pour la croissance future », a-t-il souligné. Le secrétaire au Trésor n'en est pas resté là. Il a également pointé du doigt les problèmes liés au vol de propriété intellectuelle (piratage de logiciels notamment), aux subventions qui minent le jeu concurrentiel, aux barrières protectionnistes nombreuses, sans oublier les restrictions sur les flux de capitaux vers et hors de Chine. Ces griefs sont souvent évoqués par le Parti républicain, aujourd'hui majoritaire à la Chambre, ce qui laisse présager, estiment certains observateurs, l'examen de textes plus protectionnistes dans les mois qui viennent envers la Chine.

Malgré la montée des exigences de l'administration américaine, la visite de Hu Jintao devrait être marquée par plusieurs annonces d'investissements et d'accords commerciaux. Au fur et à mesure que les Chinois assoupliront leurs positions, les Etats-Unis sont prêts à leur ouvrir l'accès à davantage de technologie comme à la réalisation d'investissements sur le territoire américain. Mais les Chinois ne sont pas près de se laisser intimidés. Robert Gates, le ministre de la Défense américain, en visite officielle à Pékin cette semaine, a constaté avec surprise mardi que l'armée avait profité de sa visite pour tester l'un de ses nouveaux avions militaires. Une façon de souligner que la deuxième économie mondiale est également une puissance militaire avec laquelle il faudra compter.

Virginie Robert

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