La Confédération chinoise des syndicats, une émanation du Parti communiste, veut étendre les négociations collectives à toutes les entreprises du pays d'ici à trois ans.
Tout à son projet de créer une « société harmonieuse », le pouvoir chinois a manifestement décidé d'inventer la « négociation harmonieuse ». Alors que l'année 2010 a été animée par plusieurs conflits sociaux en Chine, Pékin souhaite reprendre la main sur l'épineux dossier des salaires. Hier, la Confédération chinoise des syndicats, une émanation du Parti communiste, a annoncé qu'elle souhaitait que toutes les entreprises du pays aient mis en place des mécanismes de négociation collective d'ici à trois ans. Mais le but n'est en aucun cas d'autoriser, par ce biais, l'expression décomplexée de rapports de force. Bien au contraire, comme l'espère Su Hainan, vice-président du Centre de recherches sur le travail en Chine, « la nouveauté de ce système est qu'il vise, par sa démarche consultative, à éviter les conflits aigus qu'ont pu connaître certains pays occidentaux ».
Il n'en reste pas moins que Pékin souhaite, selon le chercheur, « rééquilibrer un rapport de force qui penche plutôt en faveur des employeurs jusqu'à présent ». Les cellules locales des syndicats auraient ainsi formé quelque 60.000 « guides » aux techniques de négociation. Comme l'expliquait hier au « China Daily » un des dirigeants de la Confédération des syndicats, la mise en place de négociations collectives, déjà testée dans plus de 2 millions d'entreprises sur le territoire, s'est révélée largement bénéfique aux employés. On y a relevé « des différences de salaire de 10 % à 15 % » par rapport aux sociétés dépourvues de mécanisme de ce type, estime ainsi Zhang Jianguo.
Dynamiser la demande interne
Donner plus de marge de manoeuvre aux salariés apparaît en effet comme une nécessité sur le plan social. On a dénombré 406.000 conflits sociaux en Chine l'an dernier, soit 12 % de plus qu'en 2009. De fait, les ménages chinois sont directement touchés par une poussée d'inflation, à la fois alimentaire et immobilière, que les autorités ont clairement identifiée comme la principale menace contre la stabilité politique et sociale.
Mais ce rééquilibrage du rapport de force entre patrons et employés s'inscrit aussi dans la droite ligne de l'objectif que s'est officiellement fixé Pékin de rééquilibrer la croissance en dynamisant la demande interne. D'après une récente étude de Credit Suisse, les salaires pourraient augmenter, en moyenne, de 19 % par an en Chine au cours des cinq prochaines années, pour représenter, en 2015, 62 % du PIB, contre 50,5 % aujourd'hui.
gabriel grésillon
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