mercredi 9 février 2011

ArcelorMittal veut répercuter la hausse du minerai de fer

Les Echos, no. 20866 - Industrie, mercredi, 9 février 2011, p. 20

Le numéro un mondial vise un excédent brut d'exploitation de 2 à 2,5 milliards de dollars au premier semestre. C'est mieux que ce qu'attendaient les analystes. Le groupe pense pouvoir mieux répercuter la hausse des matières premières sur ses clients.

Pénalisé en 2010 par la hausse des matières premières, ArcelorMittal pense être en voie de surmonter cette difficulté. Cette année, le numéro un mondial de l'acier pense pouvoir mieux répercuter la hausse des matières premières sur ses clients, et la pression sur ses marges semble se réduire. Le groupe a d'ailleurs annoncé hier un objectif de bénéfice à court terme supérieur aux attentes des analystes : il devrait dégager au premier trimestre un excédent brut d'exploitation situé entre 2 et 2,5 milliards de dollars. « Les prix de vente s'améliorent, mais cette impulsion positive doit être maintenue, car nous sommes confrontés à la pression des coûts des matières premières, qui continue à être l'un de nos grands défis », a souligné hier Lakshmi Mittal, le PDG du groupe. Ces perspectives favorables ont été bien accueillies en Bourse : le titre ArcelorMittal a clôturé la séance d'hier en hausse de 2,81 %.

« Jusqu'en 2009, nous avons fonctionné avec nos fournisseurs de minerai de fer sur la base de contrats annuels. En 2010, ceux-ci ont décidé de changer le mécanisme de fixation des prix pour passer à des contrats trimestriels », explique Lakshmi Mittal. Cela a amené les sidérurgistes à revoir à leur tour leurs relations avec leurs clients. « Il y a eu une phase de transition durant laquelle ils ont été déconcertés -et nous n'étions pas certains de l'évolution de ce système de prix. Cette phase est désormais terminée. »

Les négociations ont été particulièrement tendues dans l'automobile, les constructeurs ayant refusé de signer des contrats trimestriels. « Dans certains secteurs qui ont besoin d'une visibilité de long terme, nous sommes préparés à accepter des contrats de six mois », affirme Lak-shmi Mittal.

Surcapacités

ArcelorMittal a enregistré sur les trois derniers mois de 2010 un excédent brut d'exploitation de 1,9 milliard de dollars, en baisse de 10 % par rapport à la même période en 2009. Le chiffre d'affaires, en revanche, s'inscrit en hausse de 19 %, à 20,7 milliards. Cette baisse des marges est liée notamment au fait que les contrats trimestriels imposés par les trois géants miniers BHP, Vale et Rio Tinto ont entraîné une augmentation des coûts d'approvisionnement. ArcelorMittal a eu des difficultés à répercuter cette hausse dans un contexte de demande atone, en particulier dans les économies développées.

Dans le groupe, l'utilisation des capacités est ainsi retombée à 69 % fin 2010, contre 78 % à fin juin. « Il y a une surcapacité et nous ajustons notre production à la demande », a reconnu hier le PDG. Mais il ne prévoit « aujourd'hui pas de fermeture permanente d'un des sites importants ».

Le numéro un mondial a davantage souffert de la situation que ses concurrents ThyssenKrupp ou Voestalpine, qui sont plus présents chez les constructeurs allemands, en pleine forme et moins exposés au secteur de la construction dans le sud de l'Europe, encore empêtré dans la crise.

Si ArcelorMittal se dit plus optimiste en ce début d'année, c'est que le groupe perçoit un rebond de la demande qui devrait lui permettre d'être en meilleure position dans les négociations. Le sidérurgiste table sur une reprise forte aux Etats-Unis, une croissance modérée en Chine et une remontée des stocks en Europe. Lakshmi Mittal prévoit en conséquence que « 2011 sera pour ArcelorMittal une meilleure année que 2010 ». L'an dernier, le groupe a dégagé un bénéfice net de 2,9 milliards de dollars, contre 157 millions seulement en 2009.

Pour réduire sa dépendance aux grands producteurs de minerai, le groupe veut investir 1,4 milliard de dollars dans ses activités minières. L'objectif est d'augmenter sa production de minerai de fer de 10 % en 2011 et de la porter à 100 millions de tonnes à horizon 2015.

INGRID FRANCOIS

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