«Partir à l'étranger, c'est grandir un peu»
Quel que soit leur âge, ils sont revenus riches d'une expérience linguistisque et humaine, et plus autonomes
Olympe, 17 ans, terminale : « Déstabilisée par mon immersion en Chine »
«J'avais 12 ans lorsque je suis partie pour la première fois en summercamp'', avec une amie, aux États-Unis Au début, j'avais le cafard. Ma mère s'inquiétait beaucoup. Au final, ce fut une bonne expérience. Les années suivantes, j'ai séjourné dans une ferme équestre au pays de Galles, chez un couple très accueillant. C'était le rêve de pouvoir m'occuper des chevaux, ma passion, et de monter chaque jour. J'avais la volonté de progresser en anglais pour comprendre et me faire comprendre. S'exprimer aide à oublier sa timidité. J'ai aussi appris à m'adapter à d'autres rythmes, d'autres règles. Ces séjours m'ont fait mûrir.
En 2009, je suis partie en voyage scolaire en Chine, hébergé chez un correspondant, que nous avions déjà accueilli à la maison auparavant. Le premier week-end de mon arrivée à Pékin a été un peu douloureux. Je me sentais paumée'', dans un autre monde. Pas à l'aise du tout. Le décalage horaire n'arrangeait rien. Dans cette famille traditionnelle, chacun restait à sa place. La grand-mère servait son petit-fils à table. Je ne devais pas entrer dans la cuisine. Ce voyage m'a marquée. J'ai compris que le monde ne se limite pas à mon univers. Ce fut une expérience originale et déstabilisante, plus qu'un séjour linguistique. D'ailleurs, je n'ai pas dit un mot de chinois. On ne parlait qu'anglais !
Catherine, mère de quatre enfants : « Nous cultivons l'esprit du voyage »
«J'ai proposé à ma fille Maud, au début de sa seconde, de faire un échange avec une famille canadienne par l'intermédiaire de l'association Nantes Pays de langue anglaise. Après quelques semaines de réflexion, elle a accepté d'aller passer trois mois à Ottawa. Nous avons reçu la jeune Canadienne l'année suivante. Maud, dont c'était la première expérience seule à l'étranger, a découvert une autre façon de vivre, un autre système scolaire. Avant de partir, son niveau d'anglais n'était pas très bon. Elle est revenue bilingue... et enchantée. Ce voyage s'est révélé aussi une expérience humaine et sociale forte. Elle vivait dans une famille monoparentale où il y avait pas mal de disputes. Cela la mettait parfois mal à l'aise mais pas au point d'entacher son séjour. Maud, un peu belliqueuse avant de partir, est rentrée calme et positive. Alix, mon aînée, voulait passer un an au Mexique. Passionnée de culture espagnole, elle a présenté avec succès un dossier de candidature au centre rotarien de la jeunesse, qui parraine des jeunes de 16 à 18 ans ayant un projet professionnel, dans le cadre d'un échange planétaire ; elle est partie après son bac et a suivi là-bas l'équivalent d'une terminale scientifique. Elle a vécu dans trois familles différentes. Elle est revenue parfaitement bilingue, d'une grande ouverture d'esprit. Mon fils de 15 ans, lui, ne veut pas entendre parler de voyage. C'est son choix, on ne le force pas. Il ira tout de même passer deux ou trois semaines cet été dans une famille anglaise pour améliorer son niveau. Notre petite dernière va bientôt partir en voyage scolaire en Grande-Bretagne. À la maison, nous cultivons l'esprit du voyage. Les langues vivantes sont avant tout des moyens de communiquer. Au-delà du plan linguistique, ces expériences ont renforcé mes filles dans leur caractère, elles sont plus volontaires, elles font preuve de discernement, de tolérance, d'autonomie.»
Christine, mère de trois enfants : « Fière à 8 ans d'avoir réussi à vivre cette expérience »
«J'ai envoyé mes deux aînés de 19 et 16 ans en summercamp'' aux États-Unis. Des formules adaptées au tempérament hypersportif de mon fils et au caractère sauvage de ma fille. Les cours étaient d'un niveau moyen. En revanche, ils baignaient dans la langue anglaise lors des activités sportives ou culturelles. Pour ma petite dernière, Ève, j'ai saisi une opportunité l'année de son CE1. Elle avait 8 ans. L'une de ses amies proches allait passer le troisième trimestre dans un collège anglais, en internat. J'ai proposé à ma fille de l'accompagner. Ève est active, sportive, elle aime la vie de groupe et de plein air, comme les Jeannettes. Elle a accepté, malgré l'avis défavorable de son institutrice qui trouvait notre projet insuffisamment préparé. Dans ce collège en pleine nature, il y avait classe le matin, et l'après-midi était consacré aux sports, aux ateliers cuisine, théâtre. Au début, il a fallu gérer les problèmes matériels liés à l'éloignement. Comme elle ne savait pas poser de questions en anglais, son linge sale était resté en boule dans un coin du dortoir. Mon mari et moi communiquions avec elle par mail et allions la rejoindre régulièrement les week-ends. Notre fille est revenue épanouie et fière d'avoir réussi à vivre cette expérience. Au plan linguistique, elle s'est fait l'oreille et commençait à comprendre l'anglais. Je garde en tête l'idée de la renvoyer passer six mois dans ce collège lorsqu'elle sera en cinquième.»
Aurélien, 16 ans, seconde : «Ces séjours m'ont fait grandir»
«Après un voyage scolaire en Angleterre avec ma classe de sixième, je suis parti chaque année en séjour linguistique pendant les vacances d'été, par l'intermédiaire du comité d'entreprise de ma mère. La première fois, j'avais 13 ans et nous étions deux Français dans la même famille. Au début on ne sait pas trop comment se comporter. On ne connaît pas les habitudes. J'ai été surpris par l'heure du dîner, servi très tôt, et par la nourriture. On mangeait des pizzas, des frites, des pâtes... jamais de légumes ! Un jour, ils nous ont emmenés assister à un match de foot à Londres. C'est l'un de mes meilleurs souvenirs. La deuxième fois, la mère, d'origine néo-zélandaise, nous avait cuisiné des moules que nous venions de pêcher dans les rochers. Au début, je n'aimais pas trop l'idée d'avoir des cours pendant les vacances. Et puis on s'habitue, on se fait des copains. L'après-midi, on visite des villes et on fait du sport, foot, tennis, rugby. J'appelle en général mes parents au début de séjour. Ensuite, je n'ai plus le temps d'y penser. L'an dernier, comme j'étais en section européenne, j'ai effectué mon stage d'entreprise dans un supermarché en Irlande. Parler anglais avec des employés, des clients, c'est encore mieux qu'avec des professeurs. J'ai trouvé les Irlandais plus accueillants. Il est plus facile de s'exprimer dans un pays étranger. On se sent moins timide pour aborder les gens. Ces différentes expériences m'ont enrichi et fait grandir. à la dernière réunion parents-prof, mon professeur d'anglais a dit avoir senti que j'avais effectué plusieurs séjours linguistiques. Récemment, j'ai eu 19/20 en expression orale. Plus tard, j'aimerais vivre en Amérique ou au Canada...»
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