vendredi 25 février 2011

Cinq thèses d'Edgar Morin en question


Le Temps - Eclairages, jeudi, 24 février 2011

Nous avons soumis l'essentiel du livre «La Voie» à deux économistes, Jean-Pierre Lehmann et Jean-Michel Servet

La globalisation a produit comme l'infra-texture d'une société-monde. Une société nécessite un territoire comportant de permanentes et innombrables intercommunications, ce qui est arrivé à la planète; elle nécessite sa propre économie, ce qui est le cas de l'économie mondialisée; mais il lui manque le contrôle de l'économie; il lui manque les autorités légitimes dotées de pouvoirs de décision; il lui manque la conscience d'une communauté de destin, indispensable pour que cette société devienne Terre Patrie. Aussi ce ne sont pas seulement les souverainetés absolues des Etats-nations, c'est aussi le mouvement techno-économique de la globalisation qui, parce qu'incontrôlé, empêche la formation d'une société-monde.

Sur la base de ce diagnostic, Edgar Morin appelle à poser, à partir de l'ONU, les bases d'une future gouvernance mondiale, compétente pour «les problèmes vitaux de l'économie, de la biosphère, des armes de destruction massive et de protection des richesses culturelles».

Jean-Pierre Lehmann:«Je partage entièrement ce diagnostic: nous avons, au niveau mondial, un marché sans communauté, faute de régulation adéquate. L'existence d'un marché est centrale pour fonder une communauté: les marchés sont la première chose qu'on a détruite lors de la guerre en Bosnie. Mais le marché mondial connaît une dérive. La crise de 2008 l'a illustré de façon dramatique, et tout se passe comme si cela ne nous avait rien appris. Les pays du Nord se réclament du libéralisme pour mener en réalité une politique mercantile. Les subventions des Etats-Unis à leur industrie du coton dépassent la valeur de cette industrie.

»Face à cela, des pays comme le Mali et le Burkina n'ont aucune chance. Et ils n'ont pas non plus d'alternative. Il faut mettre sur pied une gouvernance mondiale. Mais je ne crois pas que l'ONU soit capable de générer cette gouvernance. Même l'OMC n'y arrive pas: le Cycle de Doha, qui aurait dû réduire le protectionnisme agricole, n'aboutira sans doute pas. Que faire alors? Si j'avais la réponse, je serais à Oslo, et, cette fois, ce serait un Prix Nobel mérité...»

Jean-Michel Servet:«La mondialisation ne sera pas à l'avenir ce qu'elle a été jusqu'à maintenant. Le monde se fractionne à nouveau, principalement entre espaces continentaux. Le protectionnisme aujourd'hui ne s'exprime pas par des taxes et des quotas entre Etats-nations mais par des normes. Et ces normes profitent et profiteront de plus en plus à ceux qui auront les moyens de les faire respecter.

»Par ailleurs, il est possible de douter que, dans sa forme actuelle, l'ONU soit l'institution capable d'être cette sorte de gouvernement supranational pour des questions collectives essentielles. L'ONU n'a rien d'une organisation démocratique, au sens où elle représenterait véritablement les populations et permettrait un véritable dialogue. Elle applique des stratégies décidées au sommet, en s'appuyant sur les experts qu'elle choisit pour les fins qu'elle se donne. Le mouvement doit au contraire monter de la base au sommet: c'est un moyen de préserver la diversité des initiatives et la richesse de la pluralité des solutions pour résoudre les problèmes aux niveaux où ils se posent. Une bonne gouvernance ne se décrète pas: elle implique une multiplicité d'arbitrages qui peuvent déboucher sur des solutions différentes suivant le lieu, le moment et les intérêts impliqués.»

Le développement a créé des zones de prospérité, suscité l'émergence de classes moyennes accédant aux standards de vie occidentaux, favorisé l'autonomie individuelle. Mais il a aussi dégradé les conditions de vie de très nombreux petits paysans et artisans et créé d'énormes zones de misère autour des mégalopoles d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Conçu sur un mode exclusivement techno-économique, il néglige les activités et les échanges non monétarisés et les solidarités qui restent pourtant une ressource importante des sociétés traditionnelles, tend à anéantir les cultures orales et à ériger en modèle universel un modèle occidental pourtant en crise intellectuelle, psychique et morale.

Edgar Morin appelle donc à un développement favorisant «le mieux plutôt que le plus», qui tienne compte non seulement de la nécessité de sauvegarder la biosphère, mais aussi de favoriser le maintien de ces valeurs et solidarités, voire leur exportation au Nord. Cela passe pour lui par des mesures économiques comme l'encouragement aux cultures vivrières au détriment de l'industrie agroalimentaire, par une décentralisation des activités visant à désengorger les villes et par la mise gratuite à disposition des pays du Sud de médicaments essentiels et de dispositifs producteurs d'énergie verte.

Jean-Pierre Lehmann:«Là encore, je partage une partie au moins du diagnostic: la globalisation n'a pas créé que des richesses et de l'autonomie mais aussi de terribles inégalités. La croissance impressionnante des deux dernières décennies n'a profité qu'à une minorité et cela débouche sur la violence - à São Paulo, les ultra-riches ne se déplacent plus qu'en hélicoptère pour échapper aux agressions. Il est vrai aussi que les cultures du Sud ont conservé des valeurs de générosité et de convivialité qui nous manquent cruellement. Mais les économies de subsistance n'offrent pas d'alternative valable à l'industrialisation et dans les bidonvilles que j'ai visités, je n'ai rencontré personne qui souhaitait retourner à l'agriculture malgré la misère, la drogue et la criminalité.

»Par ailleurs, l'exode rural n'est pas principalement causé par le développement de l'industrie agroalimentaire mais bien par la démographie - les familles ont toujours autant d'enfants mais ils sont plus nombreux à parvenir à l'âge adulte. L'agriculture traditionnelle ne peut pas tous les absorber. D'ailleurs, l'urbanisation est une bonne chose, porteuse d'émancipation. Les maux que relève Edgar Morin sont en partie transitoires: notre révolution industrielle a compris des phénomènes semblables qui se sont ensuite résorbés. Nous pouvons y contribuer notamment en posant des conditions aux entreprises qui travaillent pour le marché mondial. Mais il ne faut pas se tromper de mesure: exiger d'un sous-traitant qu'il n'engage que des travailleurs âgés de plus de 18 ans est absurde. Cela ne laisse aux adolescents non scolarisés que les entreprises entièrement dérégulées qui alimentent le marché local.»

Jean-Michel Servet: «Les stratégies de développement communément admises reposent sur l'idée que la croissance économique réduit la rareté. Or, c'est illusoire: si l'on regarde ce qui s'est passé dans les dernières décennies, on constate qu'on a au contraire créé plus de rareté. La production de nouveaux biens et services n'a pas eu pour effet que de satisfaire les besoins existants: elle en crée sans cesse de nouveaux. Et l'on assiste aujourd'hui à une extension des droits de propriété, qui contribuent à limiter l'accès aux biens et aux services. Prenez un film: une fois qu'on a amorti les frais engagés pour le réaliser, il pourrait sans dommage être un bien culturel accessible à tous gratuitement.

»Joseph Schumpeter imaginait en 1943 dans Capitalisme, Socialisme et Démocratie un tel processus d'accès gratuit à des niveaux principalement municipaux. C'est l'inverse qui s'est produit: même amorti, le film donne des revenus à ses ayants droit parce qu'il est grevé de droits d'auteur, dont on tend aujourd'hui à prolonger la durée. Même chose pour la musique, les livres ou les médicaments: il paraît légitime que leur création ou leur invention soit récompensée. Mais la protection assurée par les brevets crée des rentes qui limitent l'abondance possible pour tous.

»Autre exemple du développement d'une société de rentiers: la lutte contre l'inflation. La première fonction de la stabilité des prix est de protéger les rentiers; une inflation accompagnée de hausses de salaires encourage par contre une redistribution de la richesse en faveur des débiteurs dont la dépense favorise la dynamique du système. Repenser l'économie, c'est aussi inverser ce rapport de force.

»Ce qui ne signifie pas un retour au passé. Il y a danger à idéaliser les modèles anciens. L'économie informelle n'est pas qu'un monde idéal de solidarités. C'est aussi la servitude pour dettes, l'exploitation du travail des enfants, etc. Ce n'est pas en croyant protéger des modes de vie supposés traditionnels qu'on leur rend le mieux justice. Mais en s'inspirant de certaines façons de penser. Les Iroquois, dit-on, prenaient une décision importante en se demandant quels seraient ses effets sept générations plus tard. Certains peuples se pensent ainsi en interdépendance, ce que nous avons oublié. Ils ne sont pas des primitifs. Ils sont nos contemporains.»

L'expansion universelle de l'économie néolibérale a favorisé l'hégémonie du capital financier. La crise de ce dernier en 2008 n'a pas fini de nuire: les endettements suscitent la rigueur économique, qui suscite le chômage et une baisse de revenu dont les conséquences politiques peuvent être explosives. La compétitivité suscitée par la globalisation profite aux nations peu soucieuses des droits des travailleurs comme la Chine et détruit du tissu industriel et social. A tous les niveaux, les inégalités se creusent.

Edgar Morin propose d'abandonner l'idée de croissance indéfinie pour une forme de ré-harmonisation des conditions - croissance au Sud, décroissance au Nord. D'encourager des initiatives comme le microcrédit, le commerce équitable, la finance solidaire, mutuelles, initiatives d'entraide locales, de manière à tracer une «troisième voie» entre le Tout-marché et le Tout-Etat. Et enfin de promouvoir un retour à plus d'égalité, notamment par le biais de la politique fiscale.

Jean-Michel Servet: «Le modèle néolibéral, dans les pays où il s'est imposé depuis les années 1980, a produit deux fois moins de croissance que, dans la phase antérieure, l'économie administrée ou régulée d'inspiration keynésienne qui s'était généralisée après la dernière Guerre mondiale. C'est une forme de décroissance! Des pays comme l'Inde et la Chine, qui ont parmi les plus hauts taux de croissance, connaissent de fortes interventions publiques. Le néolibéralisme est moins efficace économiquement et il a provoqué une spirale d'endettement. Les Etats ont financé par la dette et non par création monétaire ce qu'ils ne voulaient plus faire payer aux plus riches par l'impôt. Et l'on fait donc aujourd'hui payer aux contribuables grecs ou islandais la survie de banques étrangères qui ont prêté à leurs gouvernements.

»Pour s'en sortir pacifiquement, une hausse des prix modérée euthanasiant progressivement les rentiers est sans doute la voie la plus raisonnable. Nous avons surtout besoin non de moins de croissance mais d'une autre croissance, avec d'autres moyens et pour d'autres fins. Un nombre croissant de collectivités locales, par exemple, expérimente aujourd'hui des monnaies parallèles qui permettent d'encourager des dynamiques locales de production et d'échange de biens et des services.»

Jean-Pierre Lehmann:«Il faut encourager la croissance au Sud et la maîtriser au Nord, je suis d'accord. Il faut aussi produire une croissance plus inclusive. Le libre marché n'y suffira pas: un certain protectionnisme, par exemple, peut être nécessaire pour protéger une industrialisation naissante. Et il y a dans le marché une logique du plus qui doit être dépassée: il faut faire mieux. Des entreprises comme le commerce équitable s'inscrivent dans cette logique et il faut les soutenir, je suis d'accord, comme je suis d'accord pour chercher des solutions aussi bien en dehors du Tout-marché que du Tout-Etat.»En revanche, le microcrédit n'est peut-être pas le remède à tous les maux qu'on a d'abord cru. Et il existe d'autres initiatives intéressantes: certaines naissent au Sud, où les pays qui connaissent les inégalités les plus choquantes sont aussi parfois ceux qui font preuve du plus d'inventivité sociale. D'autres naissent de la collaboration entre entreprises et ONG. Unilever a ainsi mis sur pied avec Oxfam un programme qui vise à permettre aux paysans pauvres d'Indonésie d'accéder au marché mondial. C'est une démarche à la fois sociale et intéressée: cela contribue à la création d'un nouveau marché.

»Enfin, lutter contre les inégalités est nécessaire et la fiscalité peut être un moyen. Mais avant de l'alourdir, il faudrait l'appliquer. Dans un pays comme l'Inde, seule une petite minorité des contribuables paie effectivement des impôts et on parle d'évasion à hauteur de 39 milliards. Il faut dire aussi qu'il est plus facile de payer des impôts à un Etat qui se montre efficace qu'à celui qui entretient une bureaucratie tentaculaire et inefficace.»

Surexploitation des ressources naturelles, développement de cultures gourmandes en pesticides, déchets toxiques, pollution et raréfaction de l'eau, dégradation du climat: autant de maux qui ne peuvent être maîtrisés en continuant sur la lancée d'un développement laissé à la seule dynamique de l'économie. La prise de conscience écologique tourne le dos à la conception judéo-chrétienne selon laquelle l'homme serait le maître des animaux et des plantes, libre d'en disposer à sa guise, pour le réinsérer dans le cosmos. Elle oblige à une nouvelle forme de pensée complexe, qui ne se contente plus de disséquer mais s'attache aussi à relier. Cette pensée progresse, sans toutefois suffire à renverser un mouvement suicidaire pour la planète.

Pour Edgar Morin, le progrès dans la voie des énergies renouvelables, d'un habitat neutre sur le plan énergétique, d'une politique durable de l'eau et des transports passe par une «gouvernance de concertation» impliquant l'Etat, les collectivités publiques, les associations privées et les citoyens. Politique qui passerait inévitablement par un engagement marqué de l'Etat pour la modification des infrastructures et par une reprise en main publique des services - alimentation en eau, transports - aujourd'hui privatisés.

Jean-Pierre Lehmann:«C'est vrai: la situation est grave. Un proverbe africain dit que nous ne recevons pas la Terre en héritage de nos parents mais que nous l'empruntons à nos enfants. Quand j'étais jeune, je ne comprenais pas comment la génération de mes parents avait laissé se produire le cataclysme mondial des années 1930 et 1940. Aujourd'hui, je me dis que mes enfants ou mes petits-enfants me poseront peut-être la même question un jour. Les Etats éclatent, les antagonismes montent, la croissance, bonne en soi, induit des modes de consommation dommageables pour la planète, nous ne parvenons pas à ménager des ressources essentielles et à maîtriser la détérioration du climat.

»Comment changer? Je suis d'accord avec Edgar Morin pour dire que certains biens essentiels comme l'eau et l'éducation doivent être gérés collectivement dans l'intérêt collectif, ce qui ne signifie pas qu'il suffise de les confier à l'Etat, qui n'est pas toujours à la hauteur. Mais pour le reste, je ne crois pas que nous devions - ou que nous puissions - changer radicalement de direction. Il faut donc développer des valeurs qui nous permettent de mieux contrôler notre trajectoire. Nous n'avons pas encore tiré les conséquences morales et politiques de notre interdépendance. Il est urgent de le faire.»

Jean-Michel Servet: «Que l'économie ne réponde ni aux défis écologiques ni aux besoins est une évidence. Il suffirait de 8 milliards de dollars par an pendant dix ans pour permettre à tous les habitants de la planète de disposer d'eau potable et d'une évacuation satisfaisante des eaux usées. C'est, en gros, ce qu'on consomme en crèmes glacées aux Etats-Unis. Une partie du problème tient à ce que les coûts environnementaux des biens ne sont pas imputés ou le sont très partiellement. On peut le faire par la taxation des consommations et des usages. On pourrait aussi les faire figurer en regard du prix en monnaie des biens. Cela pourrait amener une prise de conscience de ce que l'on consomme par exemple quand on prend l'avion. On peut imaginer aussi un système où ce coût écologique serait effectivement débité d'un compte que chacun posséderait. Cela induirait une forme de rationnement: même les plus fortunés n'auraient pas le droit de consommer sans frein des ressources non renouvelables. C'est plus contraignant que la taxation mais collectivement plus juste.»

Le raisonnement d'Edgar Morin repose sur l'idée qu'une véritable mutation intellectuelle, morale et politique doit accompagner/susciter les changements qu'il appelle de ses voeux. Il propose ainsi d'autres réformes dans le domaine de l'enseignement - plus axé sur la contextualisation et la critique de la connaissance - de l'entreprise - qui devrait être dé-hiérarchisée pour favoriser l'autonomie et la concertation des travailleurs - à une «désintoxication» de la consommation, à une revalorisation des échanges non monétaires - prise en charge non ségréguée des personnes âgées, par exemple - et enfin à une réforme morale aboutissant à une éthique de la compréhension d'autrui et de la responsabilité envers la planète.

Tous ces changements - c'est ce qui rend possible pour lui de les imaginer - sont déjà à l'oeuvre dans des initiatives locales encore minoritaires et dispersées qu'il est possible selon lui d'encourager et de fédérer pour aboutir demain à un vrai changement de valeurs et d'objectifs à l'échelle planétaire. Avec ou sans l'aide de crises toujours plus graves susceptibles de condamner le modèle du tout économique actuellement hégémonique.

Jean-Michel Servet:«Beaucoup de choses sont en train de changer, peut-être plus qu'on ne l'imagine. A cet égard, la crise a eu un effet positif. Elle a ouvert le champ des possibles et de l'imagination. Beaucoup moins de gens sont aujourd'hui prêts à croire que la prééminence du capital financier qui s'est installée depuis les années 1980 est naturelle ou inévitable. Beaucoup refusent d'imaginer un monde où tous les rapports humains seraient essentiellement basés sur des intérêts privés équilibrés par le marché. Ils cherchent des alternatives; les plus engagés les appliquent à leur niveau.

»Le risque est que les intégristes du marché veuillent imposer autoritairement des solutions qui ne pourraient par elles-mêmes que reproduire de nouvelles crises. Pour imposer ses solutions, le néolibéralisme peut parfaitement s'appuyer sur des régimes politiques autoritaires. Un des pères du néolibéralisme, Ludwig von Mises, qui enseignait à l'Institut de hautes études internationales, avait une grande sympathie pour les régimes fascistes tout comme les Chicago Boys de Milton Friedman ont conseillé en 1973 le gouvernement du général Pinochet. La démocratie n'est pas historiquement fondée sur le marché mais sur l'impôt. Mais il importe de sortir de ce dilemme Etat-Marché en poussant le plus loin possible l'hégémonie de la solidarité.»

Jean-Pierre Lehmann:«La révolution éthique est une utopie. Mais en même temps, nous n'avons pas le choix. On trouve heureusement des germes de cette révolution dans la société civile, dans les ONG, dans les communautés religieuses aussi, peut-être, et même dans les entreprises. Le développement des technologies de l'information pourrait permettre à ces germes de gagner en efficacité, de favoriser la gouvernance, de combattre la corruption par la transparence. Le remplacement des valeurs morales et sociales par la seule valeur économique n'est pas une fatalité. Je le constate à l'IMD où les étudiants, a priori, s'inscrivent pour maîtriser les connaissances leur permettant de réussir dans le monde des affaires. Après quelques mois, un sur cinq vient nous dire qu'il aimerait faire quelque chose qui ait un sens pour la société. Quand je vois ce qui se passe au Caire, je me dis que la solution viendra peut-être de la jeunesse. Même si ma génération, celle de 1968, n'a pas fait d'étincelles une fois arrivée au pouvoir...»

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