La Chine s'inquiète. L'augmentation des taux d'intérêt, décidée hier par la banque centrale, n'est en fait que la dernière d'une série de décisions qui, depuis plusieurs mois, vont toutes dans le même sens : éviter l'emballement, juguler l'inflation, contrer les « bulles » immobilières qui se forment dans les grandes zones urbaines. Le message de Pékin aux épargnants chinois est simple : laissez votre argent à la banque et cessez de spéculer en Bourse ou sur l'immobilier.
Depuis l'automne dernier, les autorités en sont à leur troisième hausse des taux d'intérêt mais elles ont également pris des mesures pour restreindre le crédit bancaire et sont intervenues ponctuellement pour calmer les hausses des prix des denrées de base. Ces pressions inflationnistes sont pour partie une création des autorités chinoises elles-mêmes, en ce sens qu'elles reflètent une politique de change fixe ou quasi fixe : puisque le prix de la monnaie chinoise ne peut pas monter à l'extérieur, les prix montent à l'intérieur. Tant que la Chine contrôlera comme elle le fait le taux de change du renmimbi, ces pressions persisteront.
Mais au-delà, les autorités chinoises font face à des risques considérables et, à certains égards, les décisions prises ces derniers mois interviennent trop tard. Du fait d'une politique de crédit trop laxiste, l'allocation de ressources n'a pas été optimale ces dernières années. Le système bancaire chinois a accumulé des montagnes de créances douteuses. On sait aussi que de très nombreuses collectivités locales ont financé des projets immobiliers pharaoniques au moyen de ressources dérivées directement de la spéculation foncière. Cette fuite en avant est malsaine et les autorités monétaires ont raison de s'inquiéter que l'année du Lapin devienne une année d'inflation.
L'extraordinaire vigueur de l'économie chinoise donne à la banque centrale une « fenêtre » pour rééquilibrer l'offre de crédit sans pour autant casser la dynamique de la croissance, ce que les autorités politiques ne permettraient évidemment pas. L'opération n'en est pas moins délicate et le monde entier regarde comment le « moteur » chinois va s'y prendre pour freiner sans trop ralentir : une partie de notre croissance à venir se joue là, dans le pilotage subtil de l'économie chinoise.
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