mercredi 9 février 2011

Pékin intensifie sa lutte contre l'inflation en relevant une nouvelle fois ses taux d'intérêt

Les Echos, no. 20866 - International, mercredi, 9 février 2011, p. 7

La Banque de Chine n'a pas tardé à engager, en ce début 2011, la bataille contre une inflation qui ne faiblit pas. Elle a relevé hier ses taux d'intérêt et ce durcissement monétaire devrait se poursuivre, selon les économistes.

L'inflation chinoise est, elle aussi, résolument entrée dans l'année du Lapin : elle a fait un large bond en janvier, déclenchant un nouveau resserrement de la politique monétaire de la banque centrale. Après l'accalmie du mois de décembre, au cours duquel les prix n'avaient augmenté que de 4,6 %, les autorités monétaires s'attendaient à un mois de janvier plus tendu sur le front de l'inflation : aux pressions de ces derniers mois exercées par les prix de l'immobilier, ceux des matières premières et des prix alimentaires, les fêtes du Nouvel An chinois, traditionnellement propices aux dérapages des prix, en ont ajouté une autre. Prenant les investisseurs de court, la Banque de Chine a donc décidé, hier, de relever de 25 points de base, à 6,06 %, le taux des prêts à un an des banques commerciales. Parallèlement, le taux sur les dépôts des banques à un an est relevé à 3 %.

Inciter les ménages à épargner

En janvier, « l'inflation pourrait être montée jusqu'à 6 % sous l'effet du climat hivernal et de la forte demande liée au Nouvel An », estime Daiwa Capital Markets, cité par Bloomberg. C'est la troisième fois depuis le mois d'octobre que la Chine durcit ainsi sa politique monétaire. Pour les économistes, le mouvement n'est cependant pas près de s'arrêter. « Nous prévoyons deux ou trois hausses de taux équivalentes dans le courant de cette année », anticipe Xu Bei, chez Natixis. L'objectif de cette hausse des taux est d'inciter les ménages à épargner davantage et les banques à lever un peu le pied sur leurs crédits immobiliers, en pleine accélération en ce début d'année. Il veut aussi éviter à moyen terme une spirale prix-salaires, alors qu'ils sont à la hausse ces derniers mois. Mais « le gouvernement ne souhaite pas pour autant réduire le rythme de croissance de l'économie ; d'ailleurs il a moins augmenté le taux des prêts à 3 et 5 ansque celui des prêts à 1 an », souligne Xu Bei. La Chine a connu une expansion de 10,3 % l'an dernier et fini l'année en beauté, avec une hausse vigoureuse du PIB de 9,8 % sur un an au dernier trimestre. Et selon un sondage réalisé par Reuters, la croissance pourrait atteindre 9,3 % cette année, soit à peine moins que l'an dernier. Pékin dispose d'une autre arme que celle de la hausse des taux pour apaiser la fièvre des prix et de l'immobilier : la hausse des réserves obligatoires des banques. Mais jusqu'ici, cette politique n'a pas eu les résultats escomptés.

CATHERINE CHATIGNOUX

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