Pyongyang a lancé un appel international pour endiguer la pénurie et reconstituer ses stocks.
Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, le régime de Kim Jong-il a réduit la superficie de Pyongyang, probablement pour exclure de la distribution alimentaire une partie de sa population. Ce n'est en apparence qu'une petite modification administrative, mais elle semble révéler au grand jour la pénurie alimentaire en Corée du Nord. Du fait de cette réforme, 500 000 personnes du Sud et de l'Ouest ne vivent plus officiellement dans la capitale qui compte 3 millions d'habitants. «Le manque de nourriture touche effectivement Pyongyang», confirme un diplomate qui avance que le régime nord-coréen a «récemment procédé à un changement de distribution d'alimentation. L'élite et les hauts gradés sont alimentés en priorité, afin qu'ils restent loyaux à Kim Jong-il.»
Leader bienfaiteur. Cette réorganisation coïncide avec l'appel lancé depuis décembre par la Corée du Nord. Le régime a ordonné à ses quarante ambassades d'aller quémander de l'aide alimentaire auprès des gouvernements étrangers et des agences internationales, oubliant l'autosuffisance jadis chantée par l'idéologie du Juché. Robert King, l'émissaire spécial américain pour les droits de l'homme en Corée du Nord, a confirmé la semaine dernière cette démarche auprès de Washington, qui pour l'heure n'a pas donné suite. La demande d'assistance tous azimuts vise à sécuriser le régime au moment où un Kim Jong-il maladif (qui fête ses 70 ans aujourd'hui) s'apprête à confier les rênes du royaume ermite à son fils Kim Jong-un. Selon une source sud-coréenne, la dynastie Kim voudrait mettre en scène son dernier rejeton comme un leader bienfaiteur, capable de nourrir son peuple et ses militaires qui ont été victimes eux aussi de malnutrition. C'est la raison pour laquelle la Corée du Nord renflouerait les stocks de nourriture. En 2012, elle pourrait ainsi s'afficher en «pays prospère» pour célébrer le 100e anniversaire de Kim Il-sung, le fondateur de la République populaire et démocratique de Corée.
Pyongyang a proposé des dialogues et a concédé des gestes d'apaisement pour soutirer des aliments et des matières premières. Mais, depuis l'essai nucléaire de 2009, le torpillage de la corvette Cheonan en mars dernier et le bombardement meurtrier de l'île de Yeonpyeong en novembre, l'aide s'est tarie. Seule la Chine continue à soutenir à bout de bras, et parfois à bout de nerf, le régime nord-coréen.
Résultat, au moins 5 millions de personnes (sur 24 millions d'habitants) souffrent de malnutrition en Corée du Nord, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Dans certaines régions montagneuses, un tiers des enfants souffrent de la faim. A la demande de Pyongyang, la FAO et le PAM sont actuellement en Corée du Nord pour évaluer les nouveaux besoins après des inondations torrentielles l'été dernier et un hiver rigoureux qui pourraient fragiliser les récoltes.
Graines. Pour ne rien arranger, une épidémie de fièvre aphteuse risque d'empirer la pénurie alimentaire dans ce pays qui avait connu une famine sévère au milieu des années 90 (près de 2 millions de morts). A l'époque, les plus chanceux avaient survécu en mangeant des pigeons, des racines et des aliments pour cochons. La semaine dernière, Radio Free Asia indiquait que la Corée du Nord distribuait des graines pour animaux à ses militaires et à ses marchands pour pallier l'explosion des prix du riz.
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