CONTRÔLE BANCAIRE
Selon une révélation des dossiers WikiLeaks, les autorités de Chine populaire, inquiètes de voir le groupe financier Citigroup prendre un "poids excessif" dans leur pays, ont envoyé en 2007 une quarantaine d'inspecteurs au siège de la Citibank à Shanghai pour y faire des contrôles poussés durant un mois, sous prétexte de vérification des comptes. Le directeur exécutif de la banque pour la zone Chine de l'époque, Richard Stanley, soulignait alors [selon un câble envoyé par le consulat américain à Shanghai] le caractère "extrêmement intrusif" de la procédure. L'affaire n'est pas sans rappeler la décision de se retirer du marché chinois prise le 24 mars 2010 par Google, très mécontent des entraves à la liberté d'expression et des cyberattaques incessantes dont il faisait l'objet en Chine populaire. Sa décision avait à l'époque soulevé une polémique dans tous les milieux, tout en étant accueillie avec ironie par le gouvernement chinois.
Citi et Google, pourtant deux géants mondiaux des secteurs de la finance et de l'informatique, ont donc mordu la poussière quand ils ont voulu s'implanter en Chine, pays le plus peuplé du monde, qui affiche un rythme de croissance stupéfiant et qui vient d'ailleurs d'être couronné deuxième puissance économique mondiale. Google a même été contraint de battre en retraite et doit se contenter d'observer les entreprises chinoises se partager le gâteau de ce marché de centaines de millions d'internautes chinois. Les pressions exercées sur Google par la Chine n'ont rien d'étonnant : Google avait insisté sur son attachement à préserver la liberté d'expression, ce qui était naturellement incompatible avec la "frilosité" des autorités chinoises dans ce domaine.
Selon les révélations de WikiLeaks, ce serait en découvrant de nombreux articles critiques à son encontre après avoir entré son nom sur le moteur de recherche que Li Changchun, membre du Comité permanent du Bureau politique du Parti communiste chinois, se serait mis très en colère et aurait ordonné la remise au pas de Google. Le litige opposant Google à la Chine populaire porte sur la liberté d'expression, tandis que Citigroup est considéré par les autorités comme un monstre de la finance susceptible d'écraser le marché chinois : non seulement il dispose d'une solide puissance financière, mais l'ombre du gouvernement américain se profile derrière le groupe. La Chine, qui cherche par tous les moyens à protéger son secteur financier, redoute bien sûr que, si elle n'intervient pas et si elle laisse le groupe prendre de l'ampleur, Citigroup n'atteigne un jour une taille suffisante pour lui permettre de peser sur le développement économique du pays, voire de contrôler le marché financier.
Par ailleurs, ces dernières années, de nombreuses entreprises étrangères se sont plaintes que l'environnement commercial n'était plus ce qu'il était en Chine, avec un accroissement des contrôles de toutes sortes. Elles se montrent particulièrement agacées par les tentatives de vols de secrets commerciaux qui permettent aux entreprises chinoises d'accélérer leur croissance en reproduisant les recettes à succès des entreprises étrangères. Le plus grand groupe de lobbying commercial travaillant pour l'Union européenne en Chine a critiqué récemment la RPC pour la surveillance "excessive" qu'elle exerce sur son marché, moins ouvert qu'auparavant. Selon une enquête réalisée l'an dernier et citée par la Chambre de commerce de l'Union européenne en Chine, environ un tiers des sondés estiment que le principe d'égalité de traitement face aux contrôles est de moins en moins respecté ces deux dernières années pour les entreprises étrangères installées en Chine. Environ 40 % des personnes interrogées s'attendent à une dégradation de la situation au cours des deux prochaines années, tandis que 22 % pensent qu'aucune amélioration n'est à attendre dans ce domaine.
En conclusion, on peut dire que l'affaire Citigroup n'est que le sommet de l'iceberg des litiges ayant opposé ces dernières années les entreprises étrangères à l'Etat chinois. Elle délivre le message suivant : toute entreprise étrangère souhaitant venir s'installer en Chine doit accepter de suivre les règles du jeu "à la chinoise". Celles qui tenteraient de s'y opposer seront poussées vers la sortie et devront quitter la scène à la manière de Google.
Han Huayu (Wangbao - Want Daily)
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5 commentaires:
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