Forte de l'équivalent de 2 850 milliards de dollars (2 100 milliards d'euros) de devises étrangères à la fin de l'année 2010, la Chine détient les premières réserves de change de la planète, résultat d'une balance commerciale excédentaire. En janvier, ses douanes ont enregistré un excédent commercial de 6,45 milliards de dollars (4,7 milliards d'euros) sur un an, qu'il faudra réinvestir de la manière la plus sûre et rentable possible. Depuis une décennie, ce placement a été la dette publique des Etats-Unis, la Chine étant devenue le premier créancier du Trésor américain depuis 2008, devant le Japon.
L'autorité des changes chinoise rappelle régulièrement qu'elle opère selon une logique du marché, et non au regard de préoccupations politiques. La dette souveraine américaine reste, selon elle, un choix rationnel, du fait de " sa sécurité, sa liquidité, de larges capacités et de faibles coûts de transaction ".
Mais en Chine, des voix s'inquiètent du fait que Pékin place tous ses oeufs dans le même panier américain, et appellent à la diversification des réserves de change. Washington a constaté qu'en novembre 2010 - derniers chiffres disponibles -, le banquier chinois a réduit ses achats d'avoirs du Trésor de 36 milliards de dollars (26 milliards d'euros) sur un an, et de 11 milliards (8 milliards d'euros) en novembre 2010. Au cours de cette même période, le Royaume-Uni était le premier acheteur de dette américaine, ce qui pourrait indiquer que l'autorité des devises étrangères chinoise a acquis de la dette publique américaine via des intermédiaires britanniques, une méthode lui permettant de s'en délester plus discrètement à l'avenir. En mars 2009, le premier ministre Wen Jiabao s'était dit " un peu inquiet " pour la sécurité de " fonds si énormes " placés dans le déficit public américain.
Valeur sûre
Les alternatives restent pourtant limitées pour la Chine, d'autant que tout mouvement brusque saperait le marché de la dette, et donc la valeur de ses actifs. " D'après ce que l'on sait, ils détiennent plus ou moins 65 % de leurs actifs en dollars, diversifiant à la marge là où ils peuvent. Le problème central reste que les autres marchés, tels que l'Asean - Association des nations d'Asie du Sud-Est - , ne sont pas assez larges pour investir tant ", explique Stephen Green, chef économiste de la banque Standard Chartered en Chine.
Face à cette réalité, le dollar reste une valeur sûre, même si les appels à s'appuyer davantage sur des canaux alternatifs, tels que l'or, se multiplient. L'économiste Xia Bin, conseiller du comité de politique monétaire de la banque centrale chinoise, note que la tendance à long terme est à la diversification. " Mais ne soyons pas naïfs, n'oublions pas que le dollar demeure la devise la plus dynamique et la plus en circulation dans le monde, relève-t-il. Les gens investissent dedans pour une raison. "
Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)
© 2011 SA Le Monde. Tous droits réservés.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire