Les grands groupes miniers n'ont jamais été aussi florissants. Pour parachever des bénéfices record réalisés grâce à l'envolée des prix des matières premières, BHP Billiton et Rio Tinto ont décidé de rendre aux investisseurs 15 milliards de dollars (11 milliards d'euros) au total par le biais de rachats d'actions. De plus, les deux groupes anglo-australiens ont fortement augmenté leurs dépenses d'investissement - 80 milliards de dollars sur cinq ans pour BHP. Les grandes fusions et acquisitions ne sont pas à l'ordre du jour. Conclusion : les miniers se préparent à un tournant.
Le boom des matières premières, notamment du fer, a fait exploser leurs profits. Rio et BHP ont triplé leurs bénéfices opérationnels pour le minerai de fer depuis 2007. L'urbanisation accélérée de la Chine en est la cause. Mais les minières ont aussi bénéficié de meilleurs termes et conditions, notamment de la disparition des contrats annuels sur les prix. En outre, les coûts de production des mines en Chine ont doublé depuis trois ans en raison de la hausse des rémunérations, ce qui rend leur exploitation peu économique, estime un dirigeant.
Les milieux financiers ont aussi joué un rôle. Le prix du cuivre avoisine un record de 10 000 dollars la tonne, dopé par une demande réelle, mais aussi par la volonté des investisseurs de se couvrir contre l'inflation. Le pétrole, qui représente un cinquième du résultat d'exploitation de BHP, dépasse les 100 dollars le baril pour les mêmes raisons. Conséquences : les miniers remuent de l'argent à la pelle sans se fatiguer. Les seules hausses de prix expliquent l'accroissement des profits de BHP pour le second semestre et de Rio pour toute l'année.
Il ne faut pas espérer mieux
Mais la croissance ne se maintiendra pas à ce rythme. Même si les miniers ne sont pas endettés, les grandes opérations de fusion et acquisition ne semblent pas d'actualité. Il y a trois ans, quand les prix étaient de nouveau élevés, Rio n'avait déboursé que 38 milliards de dollars pour acheter le producteur d'aluminium Alcan, et BHP souhaitait une fusion avec Rio. Actuellement, les grands groupes n'ont pas de grandes envies. Mais quand le patron de BHP, Marius Kloppers, un homme d'affaires averti, n'achète pas, on peut penser que les actifs sont surévalués.
Cela expliquerait l'accent mis sur la croissance interne et d'importantes dépenses d'investissement pour la production future. Mais plus les miniers augmentent leur production, mieux ils s'assurent que l'offre des matières premières très recherchées progresse assez pour satisfaire la demande.
Un retour à la normale ne se fera pas dans le calme. Les investisseurs, qui n'ont valorisé BHP qu'à douze fois les bénéfices estimés cette année, avaient peut-être raison : la situation est aussi bonne que possible pour les miniers et il ne faut pas espérer mieux.
Sur breakingviews.com
John Foley
(Traduction de Ngoc-Dung Phan)
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