Redoutant l'appétit planétaire de la Chine pour les terres rares et les métaux stratégiques, plusieurs groupes japonais et coréens viennent de s'allier pour investir ensemble près de 2 milliards de dollars dans un groupe minier brésilien qui contrôle une large part de la production mondiale de niobium.
Les sociétés japonaises Nippon Steel, JFE Holdings, Japan Oil Gas and Metal National Corp. (Jogmec) et Sojitz devraient confirmer, ce matin à Tokyo, qu'elles vont acquérir, pour 1,3 milliard de dollars, 10 % de Companhia Brasileira de Metalurgia e Mineracao (CBMM). L'aciériste Posco et le fonds de retraite national de Corée du Sud (National Pension Service) annonceront, eux, qu'ils comptent dépenser au total 650 millions de dollars pour détenir 5 % du groupe brésilien. « Cet achat est important car il aidera le pays à obtenir un meilleur accès à ces métaux rares dont la disponibilité est limitée », expliquait, hier soir, Posco.
Les aciéristes pointent régulièrement l'intérêt stratégique du niobium qui entre dans la composition de nombreux superalliages. Associé en faible quantité à l'acier, il permet d'accroître la résistance des métaux sans les rendre plus cassants. Il est couramment utilisé dans la construction, le nucléaire, mais également l'automobile et l'aéronautique.
Sécuriser l'approvisionnement
Les sidérurgistes japonais et coréens cherchaient depuis quelques mois à sécuriser leur approvisionnement en niobium, dont la Chine est désormais le premier importateur mondial. Ils avaient notamment accéléré leurs recherches après avoir appris, l'an dernier, que le groupe public chinois ECE avait pris le contrôle de l'australien Globe Metal and Mining et de ses mines en développement au Malawi.
Pour contrer le pouvoir d'achat des entreprises d'Etat chinoises, qui sont généreusement aidées par Pékin dans leur quête de matières premières, les industriels japonais et coréens se sont associés à plusieurs reprises ces dernières années dans d'audacieuses acquisitions à l'étranger. En 2008, ils avaient notamment investi, ensemble, 3,1 milliards de dollars dans le minier brésilien Namisa. Un consortium associant des entreprises nippones et coréennes espère également emporter bientôt le droit d'exploiter le gigantesque gisement de charbon de Tavan Tolgoi, au sud de la Mongolie.
Yann Rousseau
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