mercredi 30 mars 2011

ANALYSE - L'empire du « juste » Milieu - Martin Wolf


Le Monde - Economie, mardi, 29 mars 2011, p. MDE2

Comment la Chine va-t-elle assumer son rôle de première puissance ? Pékin a tout intérêt à respecter les règles d'un marché ouvert

"Réforme et ouverture" est le mantra chinois depuis plus de trois décennies. Il en a résulté non seulement l'émergence d'une nouvelle superpuissance économique, mais celle d'une superpuissance hautement intégrée à l'économie mondiale. La question est désormais de savoir comment la Chine doit utiliser son influence. Il lui incombe à présent d'assumer ses responsabilités dans le système mondial.

Ce colosse est le premier exportateur et le deuxième importateur (après les Etats-Unis) mondial - sauf à considérer l'Union européenne comme une entité. Il enregistre les plus gros excédents commerciaux et des comptes courants du monde et détient le tiers des réserves mondiales de devises. Son flux d'épargne est le plus important au monde. Il est le plus gros importateur de nombreuses matières premières et fixe le prix de nombreux produits. Bref, la Chine est à la fois omniprésente et en constante progression. Mais c'est aussi, combinaison sans précédent, un pays en développement dirigé par un parti communiste.

Pékin doit développer sa propre conception de la façon dont il va utiliser son influence. Il devra commencer par définir ses intérêts et objectifs nationaux. Son intérêt primordial est de s'assurer un environnement politique et économique mondial stable, pacifique et coopératif. Ce n'est que dans un tel monde que la Chine peut espérer maintenir un développement rapide. Comment peut-elle y parvenir ? En poursuivant le développement d'un système mondial gouverné par des règlements et fondé sur des institutions. L'alternative serait une disposition hiérarchique, avec la Chine au sommet. Or, une telle approche conduirait, je le crains, à des conflits ingérables avec les autres grandes puissances.

En tant que partenaire commercial mondial émergent, la Chine est le successeur naturel des Etats-Unis comme gardien d'un système d'échanges ouvert. C'est pourquoi il est important qu'elle se plie à tous les principes et réglementations du système, et qu'elle joue un rôle actif dans son perfectionnement. Elle devrait entre autres agir pour amener les interminables négociations du cycle de Doha à leur terme. Elle a un intérêt croissant à protéger sa propre propriété intellectuelle et, de ce fait, un intérêt symétrique à assurer son propre respect de ses règles.

Elle a également tout à gagner à protéger ses investissements directs à l'étranger, qui sont en croissance constante. Pour cette raison, elle devrait promouvoir des règles pour protéger chez elle les investissements étrangers directs.

Enfin, en tant que marchand mondial, la Chine a intérêt à faire en sorte que les arrangements commerciaux régionaux qu'elle met en place, ou auxquels elle adhère, soient compatibles avec les réglementations mondiales.

Mais le problème immédiat concerne les défis que posent à la Chine et à ses partenaires ses énormes excédents commerciaux et des comptes courants. Heureusement, Pékin lui-même admet que leurs conséquences s'avèrent déstabilisatrices sur le plan intérieur. Chen Demin, le ministre du commerce chinois, a récemment déclaré que l'objectif était désormais de « stabiliser les exportations, accroître les importations et réduire l'excédent ». De plus, a-t-il ajouté, « cette année, les importations devraient croître plus vite que les exportations. La part de l'excédent commercial dans le PIB devrait être inférieure à 3,1 %, soit moins qu'en 2010 ».

De fait, les excédents commerciaux chinois, bien que toujours énormes, se montent aujourd'hui à peu près à la moitié de ce qu'ils étaient avant la crise.

La Chine reconnaît qu'à l'accumulation d'énormes créances officielles sur les dettes étrangères saines doit correspondre une offre équivalente. Malheureusement, la demande est aujourd'hui satisfaite par la déstabilisation des déficits budgétaire et extérieur américains. La Chine aurait intérêt à accélérer la libéralisation des sorties de capitaux et à accroître la flexibilité du taux de change.

Par ailleurs, la Chine a intérêt à développer une stratégie de réforme du système monétaire mondial qui permette de gérer l'interface entre son développement intérieur et la stabilité mondiale. Un pas salutaire dans cette direction consisterait à opter pour une coordination de la gestion du taux de change avec d'autres économies émergentes orientées vers les exportations. Il lui faudrait aussi parvenir à un arrangement avec ses partenaires du G20 autour des indicateurs de déséquilibre, des méthodes d'ajustement et des mises à disposition de liquidités pour les économies en difficulté.

La Chine doit aussi créer un système financier intérieur capable d'appuyer son propre développement économique; contribuer à promouvoir un système financier mondial qui soutienne la stabilité de l'économie mondiale; protéger la seconde des excès du premier. Dans la réalisation de cette difficile réconciliation, la Chine doit être guidée par le fait que, sur le long terme, son système financier constituera le coeur de la finance mondiale. Mais le processus de transition vers une pleine intégration sera non seulement long, mais aussi complexe et tendu, avec notamment des risques importants dans l'intégration pleine et entière du système bancaire.

Reste la question de l'accès aux ressources. Pour la première fois dans sa longue histoire, la Chine dépend de ses importations de matières premières. Sa politique en ce domaine sera de la plus haute importance. Son intérêt immédiat est de s'assurer un accès à ces ressources dans des conditions favorables. Elle a décidé, de façon parfaitement rationnelle, d'utiliser à cette fin le faible coût de ses capitaux et de sa main-d'oeuvre. Cela n'est pas seulement bon pour elle. Du fait que les ressources ont des tarifs mondiaux, tout accroissement de l'offre se fait au bénéfice de tous les consommateurs.

Il serait toutefois utile que l'on parvienne à un consensus sur les conditions de l'investissement et du commerce des ressources naturelles. Un des objectifs devrait être de parvenir à ce que les pays exportateurs de matières premières - notamment les pays pauvres ayant une capacité de gouvernance limitée - tirent profit des investissements étrangers et de leurs exportations. La Chine jouera un rôle central dans la mise au point de tels accords. Mais, avant tout, le monde doit s'accorder sur le fait que le principe sous-jacent demeure celui du libre-échange sur des marchés mondiaux ouverts. Les prix doivent être fixés dans le cadre d'une concurrence mondiale, avec, bien entendu, la possibilité de contrats à long terme.

A mesure que la Chine monte en puissance, son impact sur le monde s'accroît de manière exponentielle. Elle doit réconcilier les impératifs de son développement rapide avec la nécessité de prendre pleinement en compte son poids croissant dans le monde. Elle devra fixer son propre agenda, un calendrier capable de répondre au double objectif d'un développement rapide à l'intérieur et de la stabilité à l'extérieur. Cela sera difficile. Mais la Chine n'a pas d'alternative.

PHOTO - SHENZHEN, CHINA - NOVEMBER 28: The Shenzhen skyline, including The Shenzhen World Financial Center, illuminated by green lights, stretches in to the distance on November 28, 2010 in Shenzhen, China. According to the US Commercial Service, Shenzhen is one of the fastest growing cities in the world. Home of the Shenzhen Stock Exchange and the headquarters of numerous technology companies, the now bustling former fishing village is considered southern China's major financial centre.

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1 commentaires:

Anonyme a dit…

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