La Chine prend au sérieux les troubles dans le monde arabe. Lors d'une conversation en ligne avec des internautes chinois, les 26 et 28 février, le premier ministre, Wen Jiabao, a annoncé que, au nom d'un développement plus équitable, le pays devait se préparer à un ralentissement de sa croissance. L'objectif de progression annuelle du produit intérieur brut (PIB) sera ainsi ramené de 7,5 % à 7 % pour les cinq prochaines années. Dans une économie où le taux de croissance atteint habituellement 10 %, cela pourrait faire surgir quelques tensions.
L'annonce d'une croissance plus respectueuse de l'environnement et bénéficiant à toute la population semble destinée à faire taire les murmures de mécontentement. La pollution et les inégalités de revenus sont causes de troubles. La forte croissance a davantage récompensé le capital que le travail, et la Chine a fait peu de cas de l'environnement.
Contenir la croissance ne va pas de soi. Beaucoup, en Chine, sont convaincus qu'une hausse rapide du PIB est la condition sine qua non du maintien de la stabilité. Selon les chiffres officiels, les villes chinoises produisent tous les ans 10 millions de nouveaux travailleurs urbains. Et le pays a créé plus de 8 millions d'emplois par an depuis 1990, sauf pendant les périodes où la croissance était inférieure à 9 %.
Une croissance élevée permet aux entreprises de tourner malgré une faible rentabilité. Comme l'indiquent les chiffres officiels, même pendant la phase de forte expansion en 2007, alors que les groupes industriels ont vu leur production augmenter de 28 %, les marges brutes n'ont guère dépassé 7,4 %. Le développement industriel rapide a permis d'absorber les surcapacités de production dans le ciment, la chimie ou l'éolien.
Hausse du chômage
Indirectement, une baisse de la croissance pourrait contribuer à la hausse du chômage en pénalisant les sociétés privées, généralement à plus haute intensité de main-d'oeuvre. Les banques préfèrent en effet prêter aux grandes entreprises publiques, qui bénéficient du soutien implicite de l'Etat. Il ne faut peut-être voir là rien de plus qu'une limite théorique, l'objectif de 7 % correspondant au niveau minimum de croissance requis. Entre 2005 et 2010, la Chine a affiché un taux de croissance moyen de son PIB de 11,2 %, alors que l'objectif était de 7,5 %.
A terme, la Chine aurait tout à gagner d'une croissance à la fois plus lente et plus équitable. Mais, pour tenir le cap entre ces écueils - d'un côté, le chômage; de l'autre, la pollution et les inégalités -, il faudra autre chose que de nouvelles prévisions de PIB.
Sur Breakingviews.com
Wei Gu
(Traduction de Béatrice Laroche)
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