Le Figaro, no. 20708 - Le Figaro Économie, mercredi, 2 mars 2011, p. 20
L'indicateur manufacturier des directeurs d'achats est tombé, en février, à son plus bas niveau depuis six mois.
Le président Hu Jintao est peut-être en train de gagner son pari. Avec moins de commandes à l'étranger, l'activité manufacturière en Chine a continué de baisser en février, confirmant le ralentissement amorcé à la fin de l'an dernier.
L'indice de la Fédération de la logistique et des achats, compilé pour le bureau national de la statistique, est tombé à 52,2 contre 52,9 en janvier. C'est son niveau le plus bas depuis six mois.
Certes, les fêtes du Nouvel An, début février, ont entraîné comme d'habitude un coup de frein sur l'industrie, avec le retour des ouvriers migrants dans leurs familles, mais cette croissance moins rapide est voulue par le gouvernement, dont la priorité est de juguler l'inflation.
En janvier, la hausse des prix à la consommation a atteint 4,9 % et les prix des denrées alimentaires, victimes d'une sécheresse exceptionnelle dans le nord du pays, ont bondi de 10,3 %. Pékin redoute du coup des troubles sociaux, comme cela a déjà été le cas dans le passé.
Le week-end dernier, le premier ministre, Wen Jiabao, dans une très inhabituelle conversation avec des internautes, a fixé à 7 %, au lieu de 10,3 % en 2010, l'objectif de croissance de la Chine pour le plan quinquennal 2011-2015.
Tensions sociales
Ce plan, que les 3 000 délégués de l'Assemblée nationale populaire vont ratifier la semaine prochaine, à l'occasion de la session annuelle du Parlement, sera centré sur la réduction des inégalités sociales.
Pékin s'inquiète du risque de contagion des mouvements de contestation en Afrique et au Moyen-Orient. Des mouvements souvent alimentés par la flambée des prix de la nourriture et par les trop grandes différences de revenus.
Ces derniers jours, des appels à une campagne antigouvernementale ont été lancés sur Internet en Chine. Un mystérieux mouvement invite les Chinois à se rassembler tous les dimanches à 14 heures, heure locale, dans treize villes du pays, dont la capitale.
À Pékin, dans le quartier des riches magasins de Wangfujing, les policiers en uniforme et en civil se comptaient par centaines le week-end dernier. L'ambiance était tendue et de nombreux habitants de la ville doivent subir des interrogatoires ou sont assignés à résidence. La presse locale n'en parle pas. Mais les autorités sont nerveuses.
Hu Jintao prend la menace très au sérieux. Il ne veut pas qu'une étincelle fasse exploser le baril de poudre. Il va faire des promesses samedi, à l'ouverture de la session du Parlement, en faveur des produits de première nécessité et des logements. Il pourrait aussi, pour calmer le jeu, annoncer très prochainement une baisse générale des impôts pour augmenter le revenu des ménages et dynamiser la demande intérieure.
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