Le Figaro, no. 20707 - Le Figaro Économie, mardi, 1 mars 2011, p. 20
L'augmentation de la population de 6 % en 2010 est insuffisante pour enrayer le vieillissement.
Le chiffre impressionne. La Chine comptait 1,3410 milliard d'habitants fin 2010, selon les estimations du gouvernement rendues publiques hier. Mais cela ne représente que 6,3 millions de Chinois de plus qu'en 2009 et c'est tout à fait insuffisant pour enrayer le vieillissement de la population.
À ce rythme, fin 2015, le pays aura 200 millions d'habitants de plus de 60 ans. Du coup, le gouvernement, qui impose depuis 1979 aux familles citadines de n'avoir qu'un enfant et aux ruraux deux au maximum, pourrait revenir sur sa politique démographique. Le nombre fin 2010 est une première estimation. Les résultats du recensement effectué en novembre ne seront pas connus avant avril 2011.
Non seulement les Chinois vivent plus longtemps avec les progrès de la médecine et l'amélioration de l'alimentation, mais les modes de vie changent. Malgré la flambée des prix de l'immobilier (+ 6,8 % en un an à Pékin), l'urbanisation galope. La population de Pékin va passer de 18,5 millions d'habitants aujourd'hui à 20 millions en 2020 avec l'arrivée de plus en plus nombreuse chaque année des travailleurs migrants.
L'an dernier, leur nombre a augmenté de 5,5 %, à 153 millions, mais la pénurie de main-d'oeuvre continue de se faire sentir dans toutes les grandes métropoles.
Pénurie de main-d'oeuvre
En effet, avec le développement des villes nouvelles dans l'ouest de la Chine, ces migrants sont de plus en plus nombreux à déserter la côte, en particulier à l'occasion des fêtes du Nouvel An, pour s'installer dans leurs provinces d'origine où ils ne travaillent pas à la chaîne et ne s'entassent pas dans des dortoirs insalubres.
Cette année, la moitié des travailleurs migrants employés par les entreprises de l'immense delta de la rivière des Perles, au sud de Canton, ne sont pas revenus. Aujourd'hui, 90 % des petites entreprises chinoises craignent de ne pas pouvoir répondre aux commandes des pays étrangers, faute de main-d'oeuvre.
Dans les grandes provinces riches, autour de Pékin ou de Shanghaï, les salaires sont trop bas et les ménages, pénalisés par un taux d'inflation de 4,9 %, n'arrivent pas à faire face à la hausse des produits alimentaires, des logements et des produits de première nécessité. S'ils le peuvent, ils choisissent de rester dans des provinces plus reculées où ils vivent mieux.
Le développement de l'enseignement aussi, avec 6,4 millions de Chinois dans le secondaire contre 2 millions en 2000, change profondément les mentalités. Les jeunes des générations 80 et 90 ont des aspirations et des exigences totalement différentes de celles de leurs aînés. Ils souhaitent des métiers valorisants et faire de l'argent. Ils ne veulent pas être de simples ouvriers en usine.
Dans ces conditions, la Chine, si elle ne fait rien, ne sera certainement plus le pays le plus peuplé du monde en 2025. À cette date, calculent les spécialistes, elle sera dépassée par l'Inde où les femmes ont en moyenne 2,7 enfants contre 1,5 pour une Chinoise.
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