Les gouvernements se préparent à faire face à un désastre nucléaire. Un scénario jugé peu probable par les économistes.
« Le scénario du pire est possible, même probable, autour de la centrale de Fukushima », s'est avancée hier Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie, à l'issue de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. Une affirmation lourde de conséquences. Les responsables politiques des principaux pays ont pris toute la mesure du message alarmant de l'empereur du Japon, « profondément préoccupé » par la situation. Des mots identiques à ceux prononcés par Barack Obama et Nicolas Sarkozy. Autant dire qu'il y a urgence pour organiser une réponse globale et concertée face à l'éventualité d'une catastrophe nucléaire.
La ministre de l'Economie et des Finances française, Christine Lagarde, a tiré la première en demandant une réunion des ministres des Finances et des banquiers centraux du G7, elle aura lieu jeudi soir. « Il faut qu'on soit à la disposition de nos amis japonais pour la partie monétaire », a-t-elle précisé. Il est question d'analyser « de quelle manière on souscrit à leurs émissions d'obligations, de quelle manière on réagit sur le plan financier ». Peu après, à Berlin, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, lui a fait écho en évoquant l'organisation d'une téléconférence des ministres des Finances du G20 avant la tenue de la réunion du G20 Finances à Nankin de la fin du mois.
Inscrites à l'ordre du jour
S'exprimant devant le Parlement européen, Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, a informé que la situation au Japon et ses conséquences globales et pour l'Union en particulier ont été inscrites à l'ordre du jour de la réunion des 24 et 25 mars du Conseil européen.
Une fois n'est pas coutume, les responsables politiques réagissent plus vite et, surtout, différemment des économistes de marché. Dans leur grande majorité, ces derniers écartent encore le scénario du pire. Ils le jugent peu vraisemblable à ce jour. Considérant que cela est prématuré, ils rechignent à esquisser des prévisions macroéconomiques chiffrées en cas de catastrophe nucléaire. « A ce stade, il est trop tôt de livrer des estimations crédibles sur l'impact global des terribles événements au Japon », écrivent les experts de HSBC. Dans le même ordre d'idées, le scénario central adopté par Ryutaro Kono, chef économiste de BNP Paribas, anticipe une contraction de l'économie nippone cantonnée au deuxième trimestre de cette année. Selon lui, l'Archipel devrait renouer avec la croissance dès le troisième trimestre. Grâce à la demande générée par les immenses travaux de reconstruction, le Japon verra son économie rebondir de près de 3 % en 2012, ajoute-t-il.
Bon nombre d'économistes chiffrent actuellement entre 125 et 200 milliards de dollars le coût du désastre. HSBC calcule que l'aire touchée par le séisme et le tsunami ne produit que 4,1 % du PIB japonais. « Le premier round des effets économiques a toutes les chances d'être moindre que les terribles conséquences humaines », résument ces spécialistes. Les économistes s'attendent à une réaction rapide et efficace de la Banque du Japon en soutien de l'économie du pays. Une réaction qui devrait être focalisée sur le renforcement du programme de rachat d'actifs en ciblant les marchés les plus fragiles. Quant aux répercussions globales, l'idée qui prévaut est que ni les Etats-Unis ni l'Europe ne subiront de contrecoups violents. Même la Chine et l'Australie, les partenaires commerciaux les plus importants du Japon, devraient vite tirer leur épingle du jeu.
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