À Vladivostok comme à San Francisco, en Corée comme Chine et, hélas, en France aussi de façon sporadique, on se rue vers les pharmacies en quête de tablettes d'iode pour se protéger du nuage de particules radioactives. Certes, la tablette de 65 mg d'iodure de potassium est capable de mettre en repos la glande thyroïde et donc, de diminuer sa capacité de captation de l'iode radioactif. Cela représente une mesure palliative astucieuse, très utile pour les groupes à risque (enfants et adolescents), mais qui n'est pas sans risque : les troubles hormonaux après ingestion excessive de coquillages en bord de mer déplorés après chaque période de vacances estivales en témoignent. On comprend ainsi pourquoi l'Organisation mondiale de la santé a fixé des normes strictes et a recommandé un contrôle minutieux de la distribution des comprimés.
Faut-il pour autant se moquer de cette nouvelle masse d'individus iodolâtres ? Et d'abord à qui la faute ? Si la population était réellement informée avant le cataclysme, si tout un chacun savait que l'iode radioactif est un des radiotoxiques, alors que la contamination se fait par un cocktail de radionucléides, captés par le foie comme le césium, ou les os pour le strontium, etc., de tels mouvements irrationnels seraient minorés.
Le maître mot devant un tel fléau nucléaire est la prévention. Si, dans le domaine du traitement curatif, le médecin a le rôle quasi principal, dans la prévention avec d'autres (scientifiques, psychologues, enseignants) il devient un expert parmi d'autres, le rôle principal étant dévolu au citoyen et surtout à son intelligence. Pas de prévention efficace en santé publique sans conviction et action de celui-ci. La diminution ou l'augmentation des contaminés du sida ne dépend que de la prise de conscience, et donc de l'action de chacun.
Dans le domaine de la prévention, qui est notre priorité à l'AMFPGN, informer, c'est partager le savoir.
Dr ABRAHAM BEHAR, Président de l'association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire (AMFPGN).
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